LOrphelinat est rasé, les enfants et le personnel vivent le plus souvent dans les tranchées qu'ils ont creusées. 12 juin 1944 Les Allemands donnent l'ordre aux derniers civils de quitter le village. C'est dans la nuit du 12 au 13 que les enfants sont évacués. 20 juin - 8 juillet 1944 Les combats se poursuivent. Epron est anéanti petit à
1 Pourquoi la marseillaise a-t-elle été écrite ?? 2 Expliquez ces mots dans la marseillaise l'étandard, Mugir et sillons ? Voici les phrases L'étandard sanglant élévé, Mugir ces féroces soldats, nos sillons, 3 Pourquoi peut-on dire que la marseillaise est à la fois un chant patriotique et un chant révolutionnaire? 4 Qui sont les féroces soldats et que font ils ? 5 Comment sont appeler les combattants francais ? Dansune ambiance toujours aussi solidaire et fraternelle, les adhérents et sympathisants des Anciens combattants du front (ACDF) se sont retrouvés en assemblée générale à la salle de l

1 Anne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui n’ont pas Ă©crit rĂ©cits de femmes dans la rĂ©gion m ... 2 Anne Roche, Je vous le raconte volontiers, parce qu’on ne me l’a jamais demandĂ© » Autobiographi ... 3 Romain Choron, Les appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962 dans les fonds de la division des t ... 1C’est en Ă©coutant le fonds sonore d’Anne Roche et Marie-Claude Taranger, Celles qui n’ont pas Ă©crit1 », lors de son traitement documentaire Ă  la phonothĂšque de la MMSH, que les archivistes ont pris conscience qu’une grande partie des entretiens Ă©taient enregistrĂ©s auprĂšs d’hommes qui avaient participĂ© Ă  la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie. IntriguĂ©s par cet ensemble cohĂ©rent, au sein d’un fonds dĂ©posĂ© au dĂ©part sous un titre qui signalait avant tout des tĂ©moins fĂ©minins, les archivistes interrogĂšrent Anne Roche. Elle dĂ©posa alors, pour les Ă©clairer dans leur travail de contextualisation de leur fonds, une nouvelle sĂ©rie de transcriptions et un article, publiĂ© dans un ouvrage qui n’était plus disponible en librairie2. C’est cet article que le Bulletin de l’AFAS. SonoritĂ©s publie dans ce mĂȘme numĂ©ro. À la phonothĂšque de la MMSH, un corpus spĂ©cifique a Ă©tĂ© créé dans les collections sous le titre Ă©ponyme de l’article qui paraissait assez Ă©vocateur aux archivistes Je vous le raconte volontiers parce qu’on ne me l’a jamais demandé  ». En effet, les corpus d’entretiens auprĂšs des appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie ne sont pas si nombreux Ă  ĂȘtre identifiĂ©s et surtout, ils sont trĂšs Ă©parpillĂ©s, difficile Ă  repĂ©rer. Certes, la fusion des collections d’archives sonores du service historique de la DĂ©fense3 permet aujourd’hui d’avoir accĂšs Ă  plusieurs centaines d’entretiens issus de programmes trĂšs diffĂ©rents. Mais, Ă  un moment oĂč les recherches sur la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie connaissent d’importants renouvellements historiographiques, leur cartographie reste encore Ă  faire. C’est ce Ă  quoi s’emploie cet article, rĂ©aliser un premier Ă©tat des lieux des archives sonores et audiovisuelles donnant Ă  entendre des appelĂ©s de cette guerre. Merci Ă  tout lecteur qui connaĂźtrait d’autres corpus sonores ou audiovisuels accessibles, de les signaler Ă  l’AFAS ! 4 Les rĂ©sultats sur d’une recherche Algerian war » sur le site bibliothĂšque numĂ©rique ... 5 Une recherche sur Europeana, la bibliothĂšque numĂ©rique europĂ©enne, sur AppelĂ©s de la guerre d’Alg ... 6 Une recherche sur le moteur de sciences humaines et sociales, Isidore, ne fait pas apparaĂźtre de co ... 7 Calames, le catalogue des archives et des manuscrits des bibliothĂšques universitaires françaises, m ... 8 Il faut noter toutefois que le Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe CVCE, infrastructur ... 9 Sur le domaine, Canal-U, plateforme de ressources audiovisuelles de l’enseignement supĂ©rieur et de ... 10 On peut aussi indiquer que sur son site officiel Benjamin Sto ... 2Si une recherche de collections sonores sur le domaine sur les plateformes et les moteurs culturels ou en sciences humaines et sociales comme Europeana5, Isidore6, Calames7, le CVCE8 ou Canal-U9 ne met pas Ă  jour des collections inĂ©dites hors de celles qui sont prĂ©sentĂ©es plus avant dans l’article, la plateforme Cocoon Collections de corpus oraux numĂ©riques10 » offre plus de rĂ©sultats. Cocoon est dĂ©veloppĂ©e par des linguistes et gĂ©rĂ©e conjointement par le laboratoire Langues et civilisations Ă  tradition orale LACITO – UMR7107 et le Laboratoire ligĂ©rien de linguistique LLL – UMR7270. Une recherche Ă  partir du mot clĂ© AlgĂ©rie - 1954-1962 Guerre d’AlgĂ©rie » renvoie vers quatre colloques organisĂ©s par l’Institut d’histoire du temps prĂ©sent IHTP dont les communications et les dĂ©bats enregistrĂ©s peuvent ĂȘtre consultĂ©s dans les locaux de l’IHTP. – La guerre d’AlgĂ©rie et les AlgĂ©riens 1954-1962, organisĂ©, sous la direction de Charles-Robert Ageron, Ă  Paris les 26 et 27 mars 1996. – La guerre d’AlgĂ©rie et les intellectuels français, organisĂ© Ă  Paris, le 22 avril 1988 avec, entre autres, les interventions de Jean-Pierre Rioux, Jean-François Sirinelli, Raoul Girardet, Jean-Marie Domenach, Jacques Julliard. – La guerre d’AlgĂ©rie et les français, organisĂ© par François BĂ©darida et Jean-Pierre Rioux Ă  Paris, les 15, 16 et 17 dĂ©cembre 1988. – Les croyants et la guerre d’AlgĂ©rie, organisĂ© par François BĂ©darida et Étienne Fouilloux, Ă  Paris, le 17 dĂ©cembre 1987 11 Une recherche sur le catalogue du catalogue collec ... 12 Une recherche dans les transcriptions des entretiens archivĂ©s sur Cocoon sur le terme AlgĂ©rie » 3Cet ensemble de 60 notices 30 cassettes audio fait partie de la collection Colloques de l’IHTP11 » sans description de sous-sĂ©rie, ou de dĂ©pouillement des cassettes. Il est donc difficile de prĂ©ciser les informations de contenu et en particulier de connaĂźtre l’ensemble des confĂ©renciers. Les quatre colloques devraient correspondre Ă  une trentaine d’heures et les publications issues de ces colloques se retrouvent dans les articles et ouvrages de l’IHTP. Une recherche dans les entretiens de terrain sur la thĂ©matique ne donne pas de rĂ©sultats probants12, mais les dĂ©pĂŽts dans cette plateforme sont constants, ouverts Ă  plusieurs disciplines, et il faudrait effectuer des recherches rĂ©guliĂšres pour prendre en compte les mises Ă  jour. Des sources tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es considĂ©rables mais hĂ©tĂ©rogĂšnes 4Les archives des mĂ©dias tĂ©lĂ©vision et radio sont des archives majeures pour les chercheurs en sciences sociales, en particulier lorsqu’il s’agit de travailler sur des Ă©vĂ©nements historiques prĂ©cis. Sur la question de la guerre d’AlgĂ©rie et des appelĂ©s, on y trouvera non seulement des petits formats rĂ©alisĂ©s pour les actualitĂ©s, mais aussi des entretiens avec les acteurs du moment, des discours politiques comme des documentaires reprĂ©sentant plusieurs points de vue. Toutefois, les archives tĂ©lĂ©visĂ©es ne sont pas conservĂ©es et accessibles de la mĂȘme façon dans tous les pays d’Europe aussi nous Ă©voquerons ici trois ressources principales l’Institut national de l’audiovisuel, le projet Med-Mem et la TĂ©lĂ©vision suisse romande. 5En France, la plateforme de l’Ina, entreprise publique culturelle chargĂ©e de la sauvegarde, de la valorisation et de la transmission du patrimoine audiovisuel français, propose des milliers d’archives radiodiffusĂ©es et tĂ©lĂ©visĂ©es numĂ©risĂ©es et accessibles de plusieurs façons. 6Sur le site grand public » d’ plus de 800 archives Ă©voquent le conflit de la guerre d’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie et, parmi elles, environ 200 portent sur les appelĂ©s 191 Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es, 21 enregistrements audios 13 Il est Ă©galement possible de consulter le catalogue en ligne du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de l’Ina http//inath ... 14 Pour plus d’information sur les PCM Ă  la MMSH 7Mais il faut complĂ©ter cette recherche, car les archives du dĂ©pĂŽt lĂ©gal sont beaucoup plus riches. Pour rappel, une recherche dans le catalogue complet des archives du dĂ©pĂŽt lĂ©gal de l’Ina doit s’effectuer sur les sites donnant accĂšs aux postes de consultation multimĂ©dia PCM de l’InathĂšque implantĂ©s13 Ă  la BnF, au sein des 6 dĂ©lĂ©gations Ina, de 16 bibliothĂšques en rĂ©gion, de 4 cinĂ©mathĂšques et de la mĂ©diathĂšque de recherche de la MMSH Ă  Aix en Provence14. 15 Film qui fut interdit en France et en AlgĂ©rie mais obtint le grand prix du festival international d 8Une recherche associant les deux termes appelĂ©s AlgĂ©rie » dans le moteur de l’InathĂšque renvoie ainsi vers 542 documents, dont 128 Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es nationales, rĂ©gionales et satellites et 174 Ă©missions radiophoniques enregistrĂ©es dĂšs 1959. Ces deux termes sont sans doute limitĂ©s et la recherche mĂ©riterait plus de prĂ©cision les archives de l’Ina doivent receler bien d’autres documents en lien avec les appelĂ©s puisque les termes guerre d’AlgĂ©rie » renvoient Ă  18 908 documents, enregistrĂ©s dĂšs 1949. Dans le mĂȘme catalogue, une recherche sur les films issus des archives du CNC Centre national du cinĂ©ma permettent de visionner des documents prĂ©sentant des points de vue trĂšs diffĂ©rents depuis DĂ©fense de l’AlgĂ©rie 1957 Ă  AlgĂ©rie annĂ©e zĂ©ro15 1967. Rappelons que pour des questions juridiques, ces documents peuvent ĂȘtre consultĂ©s uniquement sur place, dans les centres citĂ©s qui donnent accĂšs aux PCM. 9Par ailleurs, l’Ina a soutenu diffĂ©rents projets qui donnent accĂšs Ă  ses archives tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es, sous des formes et formats diffĂ©rents, Ă©ditorialisĂ©s et augmentĂ©s. 16 17 10En particulier, entre 2008 et 2012, l’Ina a initiĂ© un vaste projet dans le cadre de la COPEAM ConfĂ©rence permanente de l’audiovisuel mĂ©diterranĂ©en Ă  la demande des dĂ©tenteurs d’archives audiovisuelles de la rĂ©gion mĂ©diterranĂ©enne. Le projet Med-Mem MĂ©moires audiovisuelles de la MĂ©diterranĂ©e » offre au grand public prĂšs de 4 000 documents audiovisuels des pays du pourtour de la MĂ©diterranĂ©e. ReplacĂ©es dans leur contexte historique et culturel, les archives tĂ©lĂ©vision et radio sont accompagnĂ©es d’une notice documentaire trilingue français, anglais, arabe. Certes, la thĂ©matique de la guerre est loin d’ĂȘtre au cƓur de ce projet qui voulait, avant tout, rassembler et valoriser un patrimoine culturel et historique, toutefois, l’évĂ©nement est bien prĂ©sent. Deux documents originaux sont Ă  souligner le dossier rĂ©alisĂ© par Karima DirĂšche sur le thĂšme La question coloniale et postcoloniale algĂ©rienne16 » et un documentaire de 1963 rĂ©alisĂ© par Slim Riad Mohamed, AlgĂ©rie 1er novembre 1954-1er novembre 1962, pour la tĂ©lĂ©vision algĂ©rienne17. 18 Mais aussi sur le site du Monde et de l’Ina. 19 20 Sur les 9 tĂ©moins, seule une est combattante du FLN, il s’agit d’Évelyne Lavalette. 11Toujours sur la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie, les archives de l’Ina peuvent ĂȘtre Ă©coutĂ©es autrement. En effet, en 2007, l’Ina a restituĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision algĂ©rienne une copie des archives filmĂ©es par les reporters français avant 1962. Cet ensemble est mis en avant dans un web documentaire accessible sur le quotidien El Watan18 sous le titre IndĂ©pendance algĂ©rienne19. Cette coproduction du Monde, de l’Ina et d’El Watan donne Ă  voir et Ă  entendre neuf tĂ©moins qui racontent en 2012 leur Ă©tĂ© 1962 Ă  l’occasion du cinquantiĂšme anniversaire du 5 juillet. Ils sont combattants du FLN20, pied vert ou pied noir, simple habitant, membre de l’OAS ou appelĂ©. Malheureusement, la technologie de ce webdoc ne permet pas de citer convenablement les sources. Ainsi, l’appelĂ© Michel Guay, mobilisĂ© et envoyĂ© Ă  Oran en janvier 1962, filmĂ© dans le cadre du projet, apparaĂźt dans un cadre multimĂ©dia. Dans ce cadre » s’intercalent des images d’archives et des commentaires historiques qui apparaissent sans que l’internaute ne puisse ouvrir les fenĂȘtres au fil de l’entretien. L’ensemble est accessible sous une seule adresse Ă©lectronique, unique pour toutes les ressources 12Aucun texte ne peut ĂȘtre copiĂ© ou citĂ©, rien ne peut ĂȘtre embarquĂ© » pour ĂȘtre repris dans une autre publication, les cadres ne sont pas numĂ©rotĂ©s. Aussi, bien que le document soit trĂšs esthĂ©tique, agrĂ©able Ă  consulter et riche d’informations, il est difficile d’utiliser ce webdocumentaire dans un travail universitaire. 21 Une recherche gĂ©nĂ©rale avec les termes guerre d'AlgĂ©rie » sur le site renvoie ... 22 23 Sur YouTube 13La RTS Radio et tĂ©lĂ©vision suisse romande fournit Ă©galement de nombreuses archives tĂ©lĂ©visĂ©es et radiodiffusĂ©es sur cette pĂ©riode et plus largement sur l’AlgĂ©rie21. Un dossier sur le thĂšme La douloureuse indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie22 », donne ainsi accĂšs Ă  onze Ă©missions et Ă  des petits documentaires créés Ă  cette pĂ©riode. Plusieurs d’entre elles mettent en avant l’implication des personnalitĂ©s suisses dans les accords d’Evian ou les luttes contre la torture. Il s’agit toutefois uniquement d’une recherche en ligne et sans nul doute, la RTS doit possĂ©der des archives plus complĂštes consultables sur place. Certains de ses documentaires circulent d’ailleurs sur des plateformes gĂ©nĂ©ralistes de type You Tube ou Daily Motion dont la citabilitĂ© pĂ©rissable rend difficile leur rĂ©fĂ©rencement dans un travail scientifique. Il est ainsi possible de visionner le film produit par la TĂ©lĂ©vision suisse romande en 1974, GĂ©nĂ©ral de BollardiĂšre. L’AlgĂ©rie, le silence d’État et le destin d’un homme, rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Gazut et Pierre Stucki, censurĂ© en France23. Des entretiens inĂ©dits qui restent encore Ă  cartographier et Ă  documenter 24 Nous aurions pu ajouter Ă  ces deux associations celui de Dastum spĂ©cialisĂ©e dans la musique bretonn ... 25 Les Archives nationales nous ont confirmĂ© qu’ils ne conservaient pas dans leur fonds des archives s ... 14Au-delĂ  de ces grandes plateformes, les centres de ressources associatifs ou institutionnels qui proposent un accĂšs Ă  leurs archives sonores sur ce thĂšme, repĂ©rĂ©s dans le cadre de cet article sont au nombre de quatre, deux associations24 et deux institutions de recherche. Nous avons sĂ©lectionnĂ© uniquement les centres de ressource, qui permettent l’écoute en ligne ou sur site d’archives orales25 sur les appelĂ©s de la guerre d’AlgĂ©rie – L’Association Harkis et droits de l’Homme – La BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine BDIC – Le Centre de documentation pour l’histoire de l’AlgĂ©rie CDHA – La phonothĂšque de la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de l’homme MMSH Ă  Aix-en-Provence Association Harkis et droits de l’Homme 26 15Cette association, cofondĂ©e en 2004 par Fatima Besnaci-Lancou et Hadjila Kemoum, s’est donnĂ© pour objectif de faire connaĂźtre l’histoire des harkis par plusieurs moyens, dont la collecte d’entretiens filmĂ©s et enregistrĂ©s26. Sur le thĂšme de la guerre d’AlgĂ©rie et plus particuliĂšrement des appelĂ©s, plusieurs centaines d’entretiens sont archivĂ©s au sein de l’association et publiĂ©s sous forme de transcription dans des ouvrages. Les entretiens peuvent ĂȘtre Ă©coutĂ©s sur demande, sur place Ă  l’association, en contactant Fatima Besnaci-Lancou La BDIC 27 16La BibliothĂšque de documentation internationale contemporaine BDIC dĂ©veloppe ses collections d’archives autour de thĂšmes tels que l’histoire des relations internationales, les deux guerres mondiales, les conflits armĂ©s, les gĂ©nocides, la dĂ©colonisation, la question des droits de l’homme, les minoritĂ©s, les mouvements politiques et sociaux ou les migrations volontaires ou forcĂ©es. La consultation des sources documentaires nĂ©cessite l’inscription prĂ©alable du lecteur Ă  la BDIC. Trois fonds de tĂ©moignages concernant les appelĂ©s en AlgĂ©rie sont conservĂ©s actuellement Ă  la BDIC et consultables uniquement sur place avec ou sans restrictions. Le catalogue des archives sonores et audiovisuelles est accessible sur la plateforme Calames27, toutefois les trois collections prĂ©sentĂ©es ici n’y sont pas encore intĂ©grĂ©es. – Le Fonds Andrea Brazzoduro » tĂ©moignages oraux rĂ©alisĂ©s dans le cadre de la thĂšse de doctorat en histoire I veterani d’Algeria e la Francia contemporanea. Esperienze et memorie del contingente di leva, 1955-2010 UniversitĂ© de Paris-Ouest Nanterre, 2011. Les archives sont consultables Ă  la BDIC avec l’autorisation de l’auteur. – Le Fonds BenoĂźt Kaplan » tĂ©moignages oraux rĂ©alisĂ©s dans le cadre du mĂ©moire de maĂźtrise en histoire Une gĂ©nĂ©ration d’élĂšves des Grandes Ă©coles en AlgĂ©rie mĂ©moire d’une guerre » UniversitĂ© de Paris-Ouest, 1996. Les archives sont consultables Ă  la BDIC avec l’autorisation de l’auteur. – Le Fonds Bernard Andrieux » tĂ©moignages filmĂ©s dans le cadre de l’enquĂȘte intitulĂ©e AlgĂ©rie, facettes d’une guerre 1954-1962 ». Les archives sont librement consultables Ă  la BDIC. 17Pour toute information complĂ©mentaire, vous pouvez consulter Rosa Olmos, responsable du service audiovisuel ] Le CDHA 28 29 Contact de l’archiviste du CDHA 18Le Centre de documentation pour l’histoire de l’AlgĂ©rie CDHA, créé en 1974 et reconnu d’utilitĂ© publique en 1985, installĂ© dans la Maison MarĂ©chal Juin, 29 avenue de TĂŒbingen Ă  Aix-en-Provence, a pour mission de rechercher partout en France et hors de France, ras­sembler, rĂ©pertorier, conserver, pĂ©renniser et faire connaĂźtre la documentation sous toutes les formes d’expression histoire, littĂ©rature, art plastique, documents sonores, musique... etc. concernant l’AlgĂ©rie avant et pendant la prĂ©sence française ainsi que les suites de cette prĂ©sence ». Il possĂšde une bibliothĂšque, des fonds d’archives Ă©crites, iconographiques, et audiovisuelles, ainsi que des tĂ©moignages oraux audio et maintenant vidĂ©o. La collecte des tĂ©moignages oraux a commencĂ© dans les annĂ©es 1990 Ă  l’initiative de Jean Monneret et se poursuit grĂące au groupe Histoire de paroles, créé en 2011. Une recherche sur la base de donnĂ©es du CDHA donne un seule rĂ©fĂ©rence Ă  l’interrogation du terme appelĂ©28 », mais environ 70 tĂ©moignages oraux sont archivĂ©s dans ce centre de ressource sur la question de la guerre d’AlgĂ©rie29 militaires, notamment des officiers SAS, appelĂ©s, harkis, pieds-noirs, mĂ©decins, enseignants ou autres fonctionnaires ayant vĂ©cu en AlgĂ©rie Ă  l’époque. La phonothĂšque de la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de l’homme MMSH Ă  Aix-en-Provence 30 Jean-Robert Henry et Jean-Claude Vatin dir., Le Temps de la coopĂ©ration. Sciences sociales et dĂ©c ... 19La phonothĂšque de la MMSH USR 3125 – Aix-Marseille universitĂ© – CNRS met Ă  disposition plusieurs collections en lien avec les Ă©vĂ©nements de l’indĂ©pendance de l’AlgĂ©rie, soit plus de 130 heures d’écoute. Les entretiens sont Ă©coutables en ligne lorsque les questions Ă©thiques et juridiques le permettent, sur la base de donnĂ©es de la phonothĂšque, Ganoub. Les mĂ©tadonnĂ©es descriptives sont placĂ©es dans le domaine public et rĂ©utilisables par toutes. D’autres collections sonores portant sur cette pĂ©riode sont Ă©galement archivĂ©es comme le corpus d’HĂ©lĂšne Bracco sur L’autre face “EuropĂ©ens” en AlgĂ©rie indĂ©pendante » entretiens enregistrĂ©s, 1993, 28 h ou celui rĂ©alisĂ© par Jean-Robert Henri et François Siino IREMAM sur le thĂšme des CoopĂ©rants au Maghreb du milieu des annĂ©es 1950 Ă  la fin des annĂ©es 1970 » entretiens filmĂ©s, 2008-2012, 60 h30. 20Cet article se limite Ă  prĂ©senter quatre corpus directement en lien avec les appelĂ©s durant la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie. – Actes de refus civils et militaires dans la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962 – “Je vous le raconte volontiers parce qu’on ne me l’a jamais demandĂ©â€ rĂ©cits autobiographiques de français en AlgĂ©rie, au Maroc, en Tunisie dans les annĂ©es 1930 Ă  1962 » – RĂ©cits de vie de harkis – TĂ©moignages d’appelĂ©s en AlgĂ©rie rĂ©sidant en Midi-PyrĂ©nĂ©es Actes de refus civils et militaires dans la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962 Dates d’enregistrement 2007Nombre d’entretiens 17DurĂ©e 12 hEnquĂȘtrice HĂ©lĂšne BraccoAccĂšs sur Ganoub 21Le corpus prĂ©sente des tĂ©moignages d’actes de refus civils et militaires dans ce que furent, pour l’État français Les opĂ©rations de maintien de l’ordre en AlgĂ©rie », autrement dit la guerre d’AlgĂ©rie de 1954 Ă  1962. Les actions se dĂ©roulent en France et en AlgĂ©rie principalement, Ă  l’étranger quelquefois. HĂ©lĂšne Bracco interroge les rĂ©fractaires Ă  la guerre quant aux sources de leur refus familiales, politiques et sociales, mais aussi sur les consĂ©quences de leur acte de refus jusqu’à aujourd’hui. Elle s’adresse Ă©galement aux enfants de ces rĂ©fractaires et Ă  quelques-uns de leurs amis. L’ensemble est constituĂ© de 16 enquĂȘtes et d’une Ă©mission radiophonique. “Je vous le raconte volontiers parce qu’on ne me l’a jamais demandĂ©.” RĂ©cits autobiographiques de Français en AlgĂ©rie, au Maroc, en Tunisie dans les annĂ©es 1930 Ă  1962 » Dates d’enregistrement 1983-1991Nombre d’entretiens 24DurĂ©e 22 hCommanditaires Anne Roche et Marie-Claude TarangerEnquĂȘteurs multipleAccĂšs sur Ganoub 31 Sur la mĂ©thodologie de la constitution de ce corpus autobiographique, voir ... 22Dans les annĂ©es 1980-1990 des Ă©tudiants de l’universitĂ© de Provence qui suivaient un cours de littĂ©rature axĂ© sur le rĂ©cit autobiographique dirigĂ© par Anne Roche et Marie-Claude Taranger devaient, dans le cadre de leur Ă©valuation, rĂ©aliser une enquĂȘte auprĂšs d’un tĂ©moin de leur choix sur des thĂ©matiques variant au cours des annĂ©es annĂ©es 1930, de la guerre de 1939-1945, du Front populaire, etc.. Certains d’entre eux ont choisi de rĂ©aliser des entretiens avec des tĂ©moins qui vivaient dans un pays du Maghreb dans les annĂ©es 1930 ou pendant la Seconde Guerre mondiale. D’autres ont choisi d’interroger ceux qui ont vĂ©cu la guerre d’AlgĂ©rie du cĂŽtĂ© des soldats du contingent. Comme dans les autres entretiens rĂ©alisĂ©s dans le cadre de cet enseignement, les consignes donnĂ©es aux tĂ©moins Ă©taient trĂšs ouvertes il s’agissait de raconter leur vie quotidienne et leurs souvenirs31. Les tĂ©moins parlent de ce qu’ils ont vu, de ce qu’ils ont vĂ©cu, aussi de ce qu’ils ont entendu dire, ou cru, ou espĂ©rĂ© et parfois de ce qu’ils ont appris depuis, par diffĂ©rentes voies, avec le souci frĂ©quent de distinguer ces diffĂ©rents plans. Anne Roche a rĂ©digĂ© Ă  partir de ces entretiens un article pour une exposition au MusĂ©e d’histoire contemporaine en 1992 voir supra. Nous avons repris le titre de son article pour regrouper et prĂ©senter tous les rĂ©cits autobiographiques enregistrĂ©s auprĂšs de tĂ©moins ayant vĂ©cu en AlgĂ©rie, au Maroc ou en Tunisie des annĂ©es 1930 Ă  1962. RĂ©cits de vie de harkis Dates d’enregistrement 1997-1998Nombre d’entretiens 56DurĂ©e 75 h 15 minEnquĂȘteur GrĂ©gor MathiasAccĂšs sur Ganoub 32 Gregor Mathias, Survivre Ă  l’indĂ©pendance algĂ©rienne. ItinĂ©raires de moghaznis en 1962-1963 », da ... 23Ces 56 enquĂȘtes, rĂ©alisĂ©es par GrĂ©gor Mathias, alors Ă©tudiant en DEA auprĂšs d’engagĂ©s et auxiliaires militaires français-musulmans de la guerre d’AlgĂ©rie 1954-1962, ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans le cadre d’une convention entre l’universitĂ© de Provence et l’Association des anciens des Affaires algĂ©riennes. Le chercheur suit un questionnaire qui aborde les questions de la situation socio-Ă©conomique de l’informateur, son lien avec le FLN Front de libĂ©ration nationale, les motivations, les circonstances et les consĂ©quences de son engagement, ses relations avec les officiers, sa vie militaire, son adhĂ©sion Ă  l’ALN ArmĂ©e de libĂ©ration nationale, le lien avec la population locale, puis aborde des questions plus larges sur les Ă©vĂ©nements politiques et en particulier, l’annĂ©e 1962. L’entretien se conclut sur le rĂ©cit du retour/arrivĂ©e de l’informateur en France. La totalitĂ© du corpus est numĂ©risĂ©e, ce qui permet de se dĂ©placer rapidement Ă  travers le questionnaire. En 2012, Ă  Saint-Brieuc, lors de la journĂ©e d’étude sur AlgĂ©rie, sorties de guerre », Gregor Mathias a repris 18 entretiens dĂ©posĂ©s Ă  la phonothĂšque de la MMSH pour esquisser une typologie des supplĂ©tifs abandonnĂ©s par l’armĂ©e française ou restĂ©s en AlgĂ©rie aprĂšs l’indĂ©pendance algĂ©rienne32. En 2017, Gregor Mathias a repris trois de ces entretiens dans son ouvrage La France ciblĂ©e. Terrorisme et contre-terrorisme pendant la guerre d’AlgĂ©rie, publiĂ© aux Ă©ditions VendĂ©miaire. TĂ©moignages d’appelĂ©s en AlgĂ©rie rĂ©sidant en Midi-PyrĂ©nĂ©es Dates d’enregistrement 1998-1999Nombre d’entretiens 17DurĂ©e 16 hEnquĂȘtrice Sandrine MarrouAccĂšs sur Ganoub 24Les entretiens de Sandrine Marrou avaient pour objectif de recueillir des mĂ©moires individuelles sur la question tabou » de la guerre d’AlgĂ©rie. Le master propose en effet une premiĂšre approche de la comprĂ©hension du refoulement dont est victime l’histoire de cette guerre, notamment par ceux qui l’ont faite. Le corpus est composĂ© de 17 tĂ©moignages anonymisĂ©s tous enregistrĂ©s dans le sud-ouest de la France, principalement en Tarn-et-Garonne. Deux d’entre eux font partie des rappelĂ©s » puisqu’ils avaient dĂ©jĂ  fait leur service militaire et un est un soldat engagĂ©, nĂ© en AlgĂ©rie. Le corpus est hĂ©tĂ©rogĂšne et couvre gĂ©ographiquement plusieurs lieux, des durĂ©es variables et des corps d’armĂ©e diffĂ©rents. L’annĂ©e du dĂ©part des informateurs pour l’AlgĂ©rie est Ă©galement trĂšs variable, mais aucun tĂ©moignage ne concerne la dĂ©mobilisation de l’étĂ© 1962. Dans l’objectif du dĂ©pĂŽt Ă  la phonothĂšque de la MMSH, Sandrine Marrou a rĂ©digĂ© une annexe complĂšte sur la mĂ©thode d’histoire orale et, en particulier, l’élaboration de la grille d’entretien, la recherche des informateurs, la cohĂ©rence du corpus et propose l’ensemble des transcriptions. En cours de traitement Ă  la phonothĂšque de la MMSH. 25Pour conclure, matĂ©riellement, les corpus sur la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie sont mal cartographiĂ©s et les dĂ©pĂŽts accessibles difficiles Ă  identifier. Certes, il existe des fonds importants sur la question de la guerre d’indĂ©pendance en AlgĂ©rie et plus prĂ©cisĂ©ment des appelĂ©s comme ceux de l’Ina et du ministĂšre de la DĂ©fense. Toutefois, si nous reprenons l’expression de Florence Descamps qui, en Ă©voquant les fonds sonores parle de millefeuille mĂ©moriel et patrimonial », dans le cas de cette guerre, il semble bien que nombre de feuilles soient toujours manquantes. Nous savons pourtant que des enquĂȘtes ont Ă©tĂ© conduites par de nombreux chercheurs, issus de disciplines diffĂ©rentes, au cours du dernier tiers du xxe siĂšcle, mais tous n’ont pas fait la dĂ©marche de dĂ©poser les sources de leur recherche. À Aix-Marseille UniversitĂ©, plusieurs masters et des thĂšses qui s’appuyaient sur des entretiens d’acteurs de cette pĂ©riode ont Ă©tĂ© soutenus. Certains portent, par exemple, sur l’action des communistes pendant la guerre ou encore sur la catĂ©gorie professionnelle des officiers ou bien sur le retour des appelĂ©s, et indiquent dans leur note mĂ©thodologique s’appuyer sur des entretiens sans que les sources de la recherche aient Ă©tĂ© dĂ©posĂ©es. D’autres chercheurs en France ont aussi rĂ©alisĂ© des entretiens sur cette pĂ©riode et les dĂ©poseront peut-ĂȘtre, un jour, dans un service d’archives. Il convient de patienter encore la pratique vertueuse du dĂ©pĂŽt procĂšde tranquillement. Pour la communautĂ© scientifique, chercheurs et archivistes, il reste encore un important travail de repĂ©rage, de traitement et d’exploitation Ă  mener.

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femmes et enfants fuyant le dernier bastion du groupe jihadiste Etat islamique, le 22 fĂ©vrier 2019 dans la province syrienne de Deir ez-Zor. Photo AFP / Delil SOULEIMAN Le rĂŽle des femmes jihadistes est traditionnellement sous-estimĂ©. Dans ce domaine, comme dans bien d’autres, le groupe Etat islamique EI a changĂ© les rĂšgles du jeu », estime Lydia Khalil, experte en terrorisme Ă  l’Institut d’études australien Lowy. Elles se disent simples mĂšres au foyer », déçues » ou repenties » du jihad mais pour leurs pays d’origine, qui refusent de les voir revenir, les femmes du califat » moribond demeurent avant tout des militantes potentiellement trĂšs dangereuses. Loin du clichĂ© des Ă©pouses de jihadistes dupĂ©es », endoctrinĂ©es ou forcĂ©es », elles ont Ă©tĂ© appelĂ©es Ă  combattre ou Ă  participer Ă  l’organisation d’attaques terroristes », Ă©crit Lydia Khalil dans une analyse parue mardi, alors que Londres et Washington s’opposent avec fracas au retour de deux jeunes femmes, Shamima Begum et Hoda Muthana, aux tĂ©moignages trĂšs mĂ©diatisĂ©s. Et quand elles sont restĂ©es Ă  l’écart de la violence et des atrocitĂ©s commises au nom de l’EI, les femmes jihadistes ont occupĂ© une place importante aux yeux du groupe par l’éducation des enfants. Ce qu’on attend d’elles, c’est la pĂ©rennisation de l’idĂ©ologie par l’éducation », au sein du califat ou de façon souterraine » dans leur pays, considĂšre AmĂ©lie Chelly, spĂ©cialiste des islams politiques Ă  l’Ecole des hautes Ă©tudes en sciences socialesEHESS Ă  Paris. Cette idĂ©ologie, au contenu extrĂȘmement antisystĂšme, antisĂ©mite, anti +mĂ©crĂ©ance+, anti +faux musulmans+ », prĂ©existait Ă  l’EI qui n’a fait que l’amplifier, dit-elle Ă  l’AFP. Depuis l’offensive des Forces dĂ©mocratiques syriennes FDS, alliance arabo-kurde appuyĂ©e par une coalition internationale sous commandement amĂ©ricain, prĂšs d’un millier d’étrangers soupçonnĂ©s d’appartenance Ă  l’EI ont Ă©tĂ© fait prisonniers. Militantes acharnĂ©es » Les femmes et plus de enfants de jihadistes, issus de 30 pays, ont envoyĂ©s vers des camps de dĂ©placĂ©s dans le Nord-Est syrien, sous contrĂŽle des FDS. Parmi la vingtaine de femmes françaises dĂ©tenues dans un camp, au moins sept ou huit sont rĂ©pertoriĂ©es comme extrĂȘmement dangereuses », relĂšve une source française proche du dossier. Ce sont des militantes acharnĂ©es de Daech acronyme arabe de l’EI, le cas Ă©chĂ©ant faisant rĂ©gner l’ordre dans le camp contre celles qui ne respectent pas la charia », affirme cette source. Lire aussi Des femmes Ă©vacuĂ©es de l’ultime rĂ©duit de l’EI en Syrie vantent le califat » AprĂšs avoir longtemps plaidĂ© pour leur jugement sur place, la France n’exclut plus de rapatrier ses ressortissants devant leur risque de dispersion » lorsque le retrait des 2000 soldats amĂ©ricains stationnĂ©s dans le nord-est syrien sera engagĂ©. Prendre la responsabilitĂ© de les faire revenir est Ă©norme. C’est un vrai risque », concĂšde la source proche du dossier Ă  Paris, craignant qu’il ne soit compliquĂ© de les juger en Europe et de les condamner au-delĂ  de quelques annĂ©es. La justice des pays occidentaux est particuliĂšrement mal armĂ©e pour juger des femmes dont le rĂŽle, difficilement quantifiable, aura Ă©tĂ© surtout idĂ©ologique, notamment dans les unitĂ©s de police religieuse. Nombre de familles rĂ©clament de leur cĂŽtĂ© le retour de filles ou de soeurs afin qu’elles soient jugĂ©es Ă©quitablement dans leur pays et renouent avec d’autres valeurs. Lire aussi 40 camions Ă©vacuent hommes, femmes et enfants du rĂ©duit de l’EI Familles jihadophiles » Mais pour les familles +jihadophiles+ Ă  la Merah auteur d’attentats contre des enfants juifs et des militaires en 2012, ndlr quand vous n’avez aucune autre valeur que ce discours-lĂ  depuis le berceau, c’est extrĂȘmement rare d’en sortir », anticipe AmĂ©lie Chelly. Contrairement aux idĂ©es reçues, les femmes ont aussi souvent Ă©tĂ© moteur dans la radicalisation d’un conjoint, d’un fils ou d’un frĂšre, note la chercheuse de l’EHESS, en rappelant le cas d’AmĂ©dy Coulibaly, auteur de l’attaque de l’Hyper Cacher en janvier 2015 Ă  Paris et de sa compagne Hayat Boumedienne, partie ensuite en Syrie. Pour le sociologoque Farhad Khosrokhavar, il faut toutefois faire la distinction entre les repenties, les endurcies, les indĂ©cises et les traumatisĂ©es ». Et mĂȘme s’il n’existe pas de modĂšle Ă©tabli pour la dĂ©radicalisation, on ne peut pas ne pas la tenter ». Les revenantes », une fois incarcĂ©es et jugĂ©es dans leur pays d’origine, vont aussi poser un autre problĂšme. Aucune femme ne s’était encore radicalisĂ©e en prison », souligne GĂ©raldine Casutt, spĂ©cialiste suisse du jihad fĂ©minin, dans une interview Ă  la chaĂźne France 24. L’administration pĂ©nitentiaire s’inquiĂšte dĂ©sormais d’une potentielle radicalisation fĂ©minine au sein des prisons françaises », pointe-t-elle. Parmi la vingtaine de femmes françaises dĂ©tenues dans un camp, au moins sept ou huit sont rĂ©pertoriĂ©es comme extrĂȘmement dangereuses », relĂšve une source française proche du dossier. « Ce sont des militantes acharnĂ©es de Daech (acronyme arabe de l’EI), le cas Ă©chĂ©ant faisant rĂ©gner l’ordre dans le camp contre celles qui ne respectent pas la charia », azazell RĂ©ponset'as de la chance je les eu en dmExplicationsLes combattants français sont appelĂ©s les Citoyensc'est l'amour de leur patrie qui les soutient 5 votes Thanks 1 Ryry2411 Merci beaucoup tu me sauves!! Je l'ai en DM pour demain. azazell de rien Abicyclette : cĂ©lĂ©ripĂšde, vĂ©locipĂšde, draisienne, vĂ©lo bi. L’histoire de la bicyclette, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est une succession d’inventions depuis la roue qui apparaĂźt au NĂ©olithique aux diffĂ©rentes parties datant du XIXĂšme siĂšcle. Louis Baudry de Saunier, Le Cyclisme thĂ©orique et pratique, Librairie
Louise Michel est nĂ©e Ă  Vroncourt, dans la Haute-Marne, le 29 mai 1830. Sa mĂšre, Marianne, Ă©tait servante dans le vieux chĂąteau. Son pĂšre, le fils des chĂątelains, disparut dĂšs qu’il apprit que la jolie servante Ă©tait enceinte. A une Ă©poque oĂč il ne faisait pas bon ĂȘtre bĂątard, la vie semblait mal dĂ©buter pour la petite Louise. Mais les Demahis, ses grands-parents paternels, Ă©taient des gens hors du commun des nobles favorables Ă  la RĂ©volution de 1789, des anticlĂ©ricaux qui lisaient Rousseau et Voltaire. Ils garderont, jusqu’à leur mort, Marianne Ă  leur service et Ă©lĂšveront Louise comme leur propre fille. Elle grandira au vieux chĂąteau, cette vaste ruine, oĂč le vent soufflait comme dans un navire. 
 Il faisait un froid glacial dans ces salles Ă©normes ; nous nous groupions prĂšs du feu mon grand-pĂšre dans son fauteuil 
 il Ă©tait vĂȘtu d’une grande houppelande de flanelle blanche, chaussĂ© de sabots garnis de panoufles en peau de mouton. Sur ces sabots-lĂ , j’étais souvent assise, me blottissant presque dans la cendre avec les chiens et les chats » 1. Ses grands-parents lui apprendront Ă  lire et Ă  Ă©crire, lui feront dĂ©couvrir des auteurs comme Victor Hugo, Rousseau ou MoliĂšre et lui enseigneront la musique et le dessin. AprĂšs la mort de ses grands-parents, elle quitte Vroncourt pour devenir institutrice et ouvre, en 1853, une Ă©cole Ă  Audeloncourt. Une Ă©cole libre », sinon, pour enseigner il eĂ»t fallu prĂȘter serment Ă  l’Empire » 1. Matin et soir, on y chante La Marseillaise, chanson interdite depuis le coup d’Etat du 2 dĂ©cembre 1851. Elle rejoint Paris en 1856. Elle enseigne le jour et passe ses soirĂ©es Ă  lire et Ă©tudier. De cette pĂ©riode oĂč elle dĂ©couvre les sciences aux cours du soir, date sa rencontre avec des militants socialistes et rĂ©volutionnaires ThĂ©ophile FerrĂ©, Blanqui, Varlin, VallĂšs, Rochefort... Son idĂ©al de justice la pousse naturellement vers eux. La vie est rude pour le peuple Ă  cette Ă©poque oĂč la journĂ©e de travail varie entre 15 et 17 heures. On recensait officiellement 100 000 enfants de moins de 8 ans travaillant dans les manufactures. A Lille, un mĂ©decin constatait que, dans le milieu ouvrier, sur 21 000 nourrissons, 20 700 meurent avant l’ñge de six ans. En 1862, on dĂ©nombrait plus d’un million d’indigents dans la Seine. Les filles Ă©levĂ©es dans la niaiserie... » Dans un Second Empire moribond, un peu partout les grĂšves se multiplient en 1869, ce sont les mineurs de la Loire et de Carmaux, les canuts de Lyon, les tisserands de Rouen, les fileurs d’ElbƓuf et les charpentiers de la Vienne. C’est Ă  chaque fois une rĂ©pression sauvage. Louise Michel suit les rĂ©unions de l’Alliance Internationale des Travailleurs. Prolongeant son mĂ©tier d’institutrice, elle donne des cours aux jeunes ouvriers le dimanche, convaincue que l’émancipation des travailleurs passe par l’éducation. Elle veut crĂ©er son Ă©cole et, en 1865, Marianne vend les terres hĂ©ritĂ©es des Demahis pour lui permettre d’acheter un internat Ă  Montmartre. Louise Michel Ă©tait une combattante des droits de la femme, de l’égalitĂ© de l’homme et de la femme. Elle militait contre les disparitĂ©s de salaires et pour un droit Ă©gal Ă  l’instruction. Il lui est arrivĂ© de s’habiller en garçon pour aller vĂ©rifier que l’enseignement donnĂ© aux jeunes gens Ă©tait d’une autre qualitĂ© que celui dispensĂ© aux jeunes filles. Jamais je n’ai compris qu’il y eĂ»t un sexe pour lequel on cherchĂąt Ă  atrophier l’intelligence comme s’il y en avait trop dans la race. Les filles, Ă©levĂ©es dans la niaiserie, sont dĂ©sarmĂ©es tout exprĂšs pour ĂȘtre mieux trompĂ©es c’est cela qu’on veut. C’est absolument comme si on vous jetait Ă  l’eau aprĂšs vous avoir dĂ©fendu d’apprendre Ă  nager, ou mĂȘme liĂ© les membres » 1. En 1870, durant le siĂšge de Paris, Louise Michel prĂ©side le ComitĂ© de Vigilance RĂ©publicain du 18e arrondissement. DĂšs le 18 mars 1871, lorsque Thiers tente de dĂ©sarmer la garde nationale, elle est au cƓur de la Commune. Quand l’assaut est donnĂ© par les Versaillais, elle devient ambulanciĂšre puis combattante. On sait comment la Commune sera Ă©crasĂ©e dans un bain de sang au moins 30 000 morts entre le 21 et le 28 mai, la Semaine Sanglante. On ne fusillait pas qu’au Luxembourg, on fusillait au coin des rues, dans les allĂ©es des maisons, contre les portes. Partout oĂč l’on trouvait un mur pour y pousser les victimes. Des couples Ă©lĂ©gants se rendaient Ă  cette boucherie comme Ă  un spectacle. La grande tuerie Ă©tait au Luxembourg ; mais on tuait aussi Ă  la Monnaie, Ă  l’Observatoire, Ă  l’Ecole de Droit, Ă  l’Ecole Polytechnique, au PanthĂ©on, au CollĂšge de France, au MarchĂ© Maubert. Ce qui Ă©pouvantait le regard, c’était le spectacle que prĂ©sentait le square de la Tour St-Jacques. Les grilles en Ă©taient closes. Des sentinelles s’y promenaient. Partout de grandes fosses ouvraient le gazon et creusaient les massifs. Au milieu de ces trous humides, fraĂźchement remuĂ©s par la pioche, sortaient ça et lĂ  des tĂȘtes et des bras, des pieds et des mains
 » Raymond Bizot
Dansles Ardennes, par exemple, les appelés feront un parcours du combattant sur la base militaire. En Guyane, les jeunes partiront en Raid commando dans la jungle pendant deux jours, avec un
La fin de la guerre 1Les Français retenus en Allemagne ont vĂ©cu la fin de la guerre comme un processus qui a durĂ© presque toute une annĂ©e, depuis le dĂ©barquement alliĂ© en Normandie en juin 1944, puis la libĂ©ration de leur patrie, ville par ville, rĂ©gion par rĂ©gion, jusqu’à leur propre libĂ©ration et leur rapatriement fin avril/dĂ©but mai 1945. Leur situation en Allemagne subissait les influences contradictoires produites par l’agonie du national-socialisme, mais aussi les consĂ©quences de la libĂ©ration de la France qui, paradoxalement, aboutissait parfois Ă  la dĂ©gradation de leurs conditions de vie. 1 Cf. Rousso 1984, p. 365 Ubu rĂšgne sans gouverner. En Allemagne. En 1944. À Sigmaringen ». 2Les restes du gouvernement de Vichy, le marĂ©chal PĂ©tain et quelques fidĂšles, avaient Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s au chĂąteau de Sigmaringen en septembre 1944. La Commission gouvernementale française pour la dĂ©fense des intĂ©rĂȘts nationaux, ce gouvernement fantĂŽme par la grĂące de Hitler, quasiment sans influence sur le territoire de la mĂ©tropole1, n’avait plus comme sujets » que les ressortissants français sur le sol allemand les collabos » rĂ©fugiĂ©s en Allemagne, les malgrĂ© nous » en uniforme allemand, et ceux qui Ă©taient retenus de force, prisonniers de guerre, requis du travail et dĂ©portĂ©s des camps de concentration dont le sort n’intĂ©ressait en rien la commission. 2 Evrard 1971, p. 385-6. 3Dans ce gouvernement en exil, l’ultra-collaborationniste et dernier ministre du Travail, Marcel DĂ©at, prit la tutelle des deux administrations vichystes qui continuaient Ă  fonctionner. Le chef de la DOF Ă  l’intĂ©rieur de la DAF, Gaston Bruneton, contrairement Ă  l’ambassadeur des prisonniers de guerre, Georges Scapini, qui prĂ©fĂ©ra dĂ©missionner, dĂ©cida de rester en place aprĂšs avoir demandĂ© l’avis personnel de PĂ©tain Ă  Sigmaringen. Il continuait Ă  appeler les travailleurs français Ă  rester fidĂšles au MarĂ©chal et les aurait mĂȘme invitĂ©s, en 1945, Ă  dĂ©fendre la ville de Berlin aux cĂŽtĂ©s des Allemands contre l’ArmĂ©e 4Les Français retenus en Allemagne souffrirent durement de la rupture des liaisons postales avec la France, consĂ©quence de la libĂ©ration du territoire. Ils n’avaient souvent mangĂ© Ă  leur faim que grĂące aux paquets envoyĂ©s de France dont l’apport leur fit alors cruellement dĂ©faut. La joie de voir les AlliĂ©s enfin dĂ©barquer en France fut aussi ternie par l’impossibilitĂ©, plusieurs mois durant, d’avoir des nouvelles de la famille vivant dans les zones d’opĂ©rations. Les inquiĂ©tudes Ă©taient mĂȘme renforcĂ©es Ă  la lecture des journaux allemands et des feuilles collaborationnistes, comme l’Écho de Nancy, qui faisaient un large Ă©cho aux raids aĂ©riens des AlliĂ©s, qualifiĂ©s de terroristes », et aux destructions subies par les villes de l’ouest de la France. À partir de novembre 1944 seulement, il fut possible, par l’intermĂ©diaire de la Croix-Rouge, d’échanger des nouvelles de 25 mots au maximum tous les quinze jours avec la famille en France. Ainsi les peurs et prĂ©occupations cĂŽtoyaient la joie et l’enthousiasme de savoir imminents la fin de l’épreuve et le retour si longtemps attendu. 5Au moment du dĂ©barquement alliĂ© en Normandie, les Français retenus en Allemagne ne s’étaient pas doutĂ©s combien de temps encore leur patience serait mise Ă  rude Ă©preuve. Cette journĂ©e du 6 juin s’est gravĂ©e dans leurs mĂ©moires et beaucoup se souviennent, comme si c’était hier, de ce qu’ils faisaient quand ils l’apprirent par la radio ou par des collĂšgues allemands. Bien entendu, aprĂšs tant d’espoirs déçus, sur le coup personne ne pouvait ĂȘtre certain que cette fois serait la bonne. Mais la nouvelle suscita un enthousiasme spontanĂ©, mĂȘme parmi des collĂšgues allemands antinazis. H. Vous aviez appris le dĂ©barquement alliĂ© en Normandie
 le 6 juin, c’était comment ?Paul T. Ah oui. Alors lĂ . C’était l’ Vous l’avez appris le jour mĂȘme ?Paul T. Le jour mĂȘme. Le jour mĂȘme et c’était un Allemand qui me l’a Ah ?Paul T. Oui. Je travaillais Ă  mon tour, et tout Ă  coup il vient, il Ă©tait dans une salle, il Ă©tait fraiseur, il vient dans la salle oĂč j’étais, moi, et il me dit Paul, les Tommies ont dĂ©barquĂ© », de ces histoires, moi je ne fais pas attention, et puis, mon doigt s’est pris dans le
 rire la chose qui tournait, elle m’a arrachĂ© l’ongle, mais enfin, je ne l’ai pas senti
H. Ça vous a fait souffrir
Paul T. J’étais trĂšs trĂšs heureux. [
] J’étais trĂšs heureux, eh oui, tous les Français aussi, alors Ă©videmment, ça a Ă©tĂ© rĂ©pandu comme une poignĂ©e de poudre, partout, tout le monde se voyait dĂ©jĂ  libĂ©rĂ©, mais
 ça durait bien longtemps
H. Et l’Allemand, il vous a annoncĂ© ça joyeusement aussi, en voyant la fin de la guerre, ou plutĂŽt
Paul T. Eh oui, oui, oui, parce que, aprĂšs la libĂ©ration, j’ai appris qu’il avait eu beaucoup d’ennuis, il avait mĂȘme sĂ©journĂ© au camp de concentration, ça devait ĂȘtre un communiste, je crois [
].H. Et vous avez su aprĂšs
Paul T. AprĂšs, c’est lui qui me l’a dit, qu’il avait Ă©té H. Ah, oui. Donc, il a dĂ» y avoir
Paul T. Alors lui aussi, il Ă©tait content bien sĂ»r, d’apprendre cette Et vous vous souvenez d’autres rĂ©actions ?Paul T. Hein, les rĂ©actions des camarades, ils Ă©taient trĂšs heureux. Alors les premiers jours, on nous autorisait, lĂ , Ă  Ă©couter la radio. Les reprĂ©sentants des diffĂ©rentes races
 Ă©couter la radio
 puis ça a durĂ© une quinzaine de jours, et puis, comme ça marchait pas bien pour les Allemands
 c’était terminĂ©, Et est-ce que leur attitude avait changĂ© ?Paul T. Envers nous non. [
]H. T. Non, non. 6Évidemment, les sentiments qu’inspirait aux Allemands la fin de la guerre furent aussi divers que les rapports qu’ils avaient avec le rĂ©gime nazi. Sur le coup, la conscience subjective de vivre leur propre libĂ©ration ne pouvait ĂȘtre ressentie que par les ennemis jurĂ©s du rĂ©gime, ceux Ă  qui la dictature nazie Ă©tait encore plus insupportable que la guerre elle-mĂȘme. Au-delĂ  de cette minoritĂ©, une bonne partie de la population, lasse de la guerre, accueillait la victoire alliĂ©e comme une issue inĂ©luctable et prĂ©vue depuis quelque temps. Elle leur apporterait la fin des hostilitĂ©s, mais aussi le rĂŽle peu enviable de vaincus Ă  qui on demanderait des comptes. En revanche, les dignitaires du rĂ©gime qui avaient le plus Ă  craindre la vengeance de leurs victimes rĂ©agirent souvent avec des accĂšs de rage Ă  l’annonce du dĂ©barquement alliĂ©, puis de l’attentat du 20 juillet contre Hitler et de la LibĂ©ration de Paris. 3 Herbert 1985, p. 329 et 336-8. 4 Tillmann 1995, Asshoff 1988/1995, Gratier de Saint-Louis 1990, p. 578. 7Si certains des Allemands investis de pouvoirs vis-Ă -vis des Ă©trangers devenaient peu Ă  peu plus coulants dans l’exercice de leurs fonctions envers ceux qui seraient bientĂŽt dans le camp des vainqueurs, tous ne firent pas preuve d’autant de sagesse, loin s’en faut. Dans les derniers mois de la guerre, une rĂ©pression accrue frappa les Ă©trangers, notamment ceux venus de l’Est, qui furent les victimes de persĂ©cutions de plus en plus Les SS ont massacrĂ© pendant la Semaine Sainte Ă  Dortmund environ 280 Ă  350 hommes et femmes, rĂ©sistants allemands, prisonniers de guerre et ouvriers Ă©trangers, dont au moins une trentaine de victimes Au dĂ©but novembre 1944, le RSHA, autoritĂ© policiĂšre suprĂȘme du Reich, autorisa par dĂ©cret les instances locales de la Gestapo Ă  procĂ©der Ă  des exĂ©cutions d’ouvriers Ă©trangers au nom de la loi martiale. Ce dĂ©cret visait avant tout les OST », mais pas exclusivement, et les exemples citĂ©s montrent que des travailleurs de l’Ouest risquaient d’ĂȘtre froidement abattus pour un oui ou pour un non. 8Pour les Français, la mĂ©fiance des autoritĂ©s s’était grandement accrue aprĂšs le dĂ©barquement en Normandie. Les entreprises se plaignaient du fait qu’ils se montraient de moins en moins dociles et commençaient Ă  faire la grĂšve du zĂšle Nous avons constatĂ© que la diminution du rendement a suivi le retrait de nos troupes en France. À partir de ce moment-lĂ , les hommes ralentirent leurs efforts. Cf. annexe, document 9Redoutant une rĂ©volte des travailleurs Ă©trangers, les autoritĂ©s policiĂšres prirent des dispositions pour prĂ©venir des actes de vengeance ou de rĂ©sistance active. Leurs craintes, qui devaient s’avĂ©rer tout Ă  fait exagĂ©rĂ©es, avaient Ă©tĂ© amplifiĂ©es par une propagande alliĂ©e qui avait, Ă  partir de l’automne 1944, appelĂ© les travailleurs civils Ă©trangers Ă  passer Ă  la rĂ©sistance active. Pour le gouvernement de la France libĂ©rĂ©e, c’était d’ailleurs un manque de responsabilitĂ© qui mettait en danger la vie de ses ressortissants retenus en pays ennemi, et le ministre du rapatriement, Henri Frenay, protesta auprĂšs du Commandement InteralliĂ© en des termes peu Ă©quivoques Par messages radiodiffusĂ©s des 5, 6, 13 et 25 septembre, un porte-parole s’adressant en votre nom aux ouvriers Ă©trangers travaillant en Allemagne, les a incitĂ©s d’abord Ă  dĂ©serter leur lieu de travail et Ă  gagner la campagne ; ensuite Ă  se prĂ©parer Ă  la rĂ©sistance active [
] Le Gouvernement Français se rend compte que ces consignes ont Ă©tĂ© Ă©tablies au moment oĂč les opĂ©rations des ArmĂ©es AlliĂ©es en France permettaient d’entrevoir une avance rapide en territoire allemand. Il comprend Ă©galement le souci du d’utiliser au bĂ©nĂ©fice des ArmĂ©es AlliĂ©es les services que la masse immense des Ă©trangers en Allemagne peuvent sic ĂȘtre en mesure de rendre dans la bataille commune. Il ne doute pas que le n’ait Ă©galement Ă©tĂ© guidĂ© par le souci de prĂ©server des vies humaines mises en danger tant par les bombardements alliĂ©s que par les atrocitĂ©s nazies Ă©ventuelles. Cependant le Gouvernement Français se voit contraint de protester contre de telles mesures ordonnĂ©es Ă  ses propres ressortissants par le Commandement alliĂ© sans que ni lui-mĂȘme ni ses reprĂ©sentants militaires aient Ă©tĂ© informĂ©s. 10AprĂšs avoir constatĂ© que les AlliĂ©s seraient entiĂšrement responsables des suites de ces appels et des rĂ©actions susceptibles d’en dĂ©couler, il termine ainsi 5 Message urgent et confidentiel du 26 octobre 1944 AN F/60/410. En conclusion, le Gouvernement Français se doit de protester contre ce qu’il est obligĂ© de considĂ©rer comme une atteinte du Commandement Militaire Ă  la souverainetĂ© 6 Dancy 1946, p. 16. 11De toute façon, ces appels eurent peu d’écho. Certes, la tendance Ă  l’insoumission et Ă  la rĂ©sistance surtout passive grandissait ainsi que la solidaritĂ© entre les diverses nationalitĂ©s. Mais les travailleurs Ă©trangers avaient acquis, durant les annĂ©es de leur rĂ©tention en Allemagne, une conscience aiguĂ« des limites Ă  ne pas dĂ©passer pour ne pas risquer des sanctions qui leur auraient coĂ»tĂ© la vie. Au moment oĂč leur libĂ©ration Ă©tait imminente, il leur importait plus que jamais de survivre. Il fallait donc Ă©viter toute action imprudente et mal calculĂ©e. Les cas ont dĂ» ĂȘtre trĂšs rares oĂč, suivant l’exemple des prisonniers soviĂ©tiques libĂ©rĂ©s Ă  Berlin, ils se seraient immĂ©diatement rangĂ©s aux cĂŽtĂ©s des troupes alliĂ©es pour reprendre le combat, l’arme Ă  la 12Il y eut cependant des Français qui se mirent au service les AlliĂ©s pour servir d’interprĂštes, par exemple, et pour les aider dans les tĂąches d’administration, comme en tĂ©moigne ce rapport Il semble tout Ă  fait possible de trouver sur place les hommes appropriĂ©s Ă  cette tĂąche, de telle sorte qu’à l’heure actuelle, mĂȘme dans cette zone chaotique, aucun problĂšme d’organisation n’apparaĂźt insoluble, et cela aussi est un facteur d’optimisme chez les libĂ©rĂ©s. Cf. annexe, document 13Selon les situations, l’imprĂ©visible et la dĂ©sorganisation de la production et de la surveillance marquĂšrent ces derniers mois dans la gueule du loup. Certains eurent une chance inouĂŻe comme ce requis du travail qui, bien qu’il ait tentĂ© en vain de se soustraire Ă  son dĂ©part forcĂ© en novembre 1942, se vit, Ă  son grand Ă©tonnement, mutĂ© en France Ă  l’étĂ© 1943 et affectĂ© Ă  l’atelier de formation de Weser-Flug Ă  Paris. LĂ , il demanda son congĂ© annuel en juin 1944, partit sans au revoir, bien entendu, et participa comme maquisard Ă  la libĂ©ration de Dijon, sa ville natale cf. annexe, documents et D’autres requis, comme plusieurs de mes tĂ©moins, avaient suivi le mouvement des transferts de production dans les territoires moins exposĂ©s Ă  l’Est puis, devant l’avance des armĂ©es soviĂ©tiques Ă  partir de l’automne 1944, rebroussaient chemin vers l’Ouest, plus au moins surveillĂ©s. Paul H. Quand nos, nos patrons locaux ont su que les Russes arrivaient, les civils du patelin l’ont su aussi. Donc tous les trains ont Ă©tĂ© pris d’assaut. [
] Mais, euh, les gens de la Focke-Wulff, en prioritĂ©, se sont fait affecter un train. Et ils sont partis. Quant Ă  nous, ils nous ont dit dĂ©brouillez-vous. Comme ça ! Nous avons commis une erreur qui pouvait nous ĂȘtre fatale. Parce que nous savions quand mĂȘme bien oĂč Ă©tait l’Est et l’Ouest, et, au lieu de prendre l’Ouest nous avons pris l’Est. Ce qui fait que, au soir, nous sommes arrivĂ©s dans un village complĂštement vide, il y avait une ferme immense, avec des animaux, et lĂ , nous avons retrouvĂ© un, un un prisonnier de guerre. Euh, un
, qu’est-ce que c’était, l’autre ? Enfin
[
]Paul H. Nous nous sommes retrouvĂ©s de, euh, 15 Ă  20 que nous Ă©tions au dĂ©part, nous nous sommes retrouvĂ©s G. C’était le 14 fĂ©vrier 45. Je l’ai ça, sur le
Paul H. Oui, alors nous nous sommes retrouvĂ©s tous là
Robert G. cite son journal Et couchons dans de bons lits, tuons mĂȘme cochons et plusieurs poulets » fin de citation. C’est pas moi qui les ai tuĂ©s, parce que je ne savais pas.[
]Paul H. Alors rien, rien ne se fait, la nuit se passe, nous couchons dans un appentis de, euh, d’une ferme, avec des Allemands qui Ă©taient, eux aussi, en fuite. Ils avaient un camion, ils Ă©taient couchĂ©s. Au milieu de la nuit, ils nous alertent Vite vite vite, voilĂ  les Russes. » On entend des coups de H. Et nous n’en faisions G. On n’a pas H. Nous les laissons partir affolĂ©s, ils s’en vont vraiment paniquĂ©s, et nous, nous attendons au petit matin
 Rien. Pas de Russes. Parce que c’est ça que nous G. Et puis, plus H. Nous attendions les Russes. Alors pas de Russes et pas d’Allemands. LĂ , nous, nous avons commencĂ© Ă  nous poser des questions. Quoi faire ? LĂ , ça devenait dĂ©licat. Un de nous, plus curieux, avait dĂ©jĂ  dĂ©couvert la propriĂ©tĂ©, une propriĂ©tĂ©, vous savez, vraiment belle, c’était somptueux, des quantitĂ©s de bĂȘtes, euh, euh une maison richement meublĂ©e, des fusils de chasse
 des fourrures de prix, euh, quand nous avons vu ça, nous avons touchĂ© du doigt trĂšs vite le danger. Parce que nous avons dit, c’était inĂ©vitable, si les Allemands reviennent, ils nous trouvent lĂ , notre compte est bon. Alors, nous avons fait de l’auto-
 euh
 assistance, nous avons regardĂ©, fait un tour d’horizon et demandĂ© Ă  chacun quel Ă©tait son grade, qu’est-ce qu’ils Ă©taient. Et c’est lĂ  que nous avons trouvĂ© un prisonnier de guerre Ă©vadĂ© d’un camp, par là
Robert G. Ouais, H. 
qui Ă©tait officier, un autre qui Ă©tait sous-officier, euh, un troisiĂšme qui parlait bien l’allemand, par la force des choses, nous l’avons bombardĂ© interprĂšte, en cas, et ça n’a pas ratĂ©. Alors, nous nous sommes rĂ©partis le travail, il n’était pas question de rester lĂ , nous avons rĂ©parti le travail, les uns, euh, nettoyaient les animaux, moi, je suis allĂ© nettoyer les, les vaches, changer la paille, d’autres ont trait le lait, euh
 [
] Et, euh, nous avons attendu. C’est tout ce que nous pouvions faire. Mais ça ne rĂ©solvait aucun problĂšme. Tout d’un coup, nous avons eu, euh, un, ou deux, trois, en fait, c’était un groupe de SS qui arrivait en reconnaissance. Quand ils nous ont vus là
 [
] Ils, ils, ils ont fait une drĂŽle de tĂȘte
Robert G. Qu’est-ce que vous faites lĂ  ? » Et tout H. Ils nous ont dit Mais qu’est-ce que vous faites lĂ  ? » Alors heureusement nous avions D [
] qui a pu leur expliquer avec prĂ©-
 assez de clartĂ©, et puis il avait quand mĂȘme
Robert G. 
il avait des papiers
 des papiers de, qu’avaient la firme, l’en-tĂȘte de la H. Alors les gars nous ont cru, mais
Robert G. 
à moitiĂ©, mais avec la H. On sentait, euh, on sentait que la conviction n’était pas ferme. Alors euh
Robert G. Et alors, et vous savez, et alors ils nous ont embarquĂ©s
Conduits Ă  Erfurt puis de nouveau libres, ils sont tombĂ©s par hasard sur leur contremaĂźtre brĂȘmois Paul H. 
Ils nous ont laissĂ©s sur une voie de garage, sans explications, le train va continuer je ne sais oĂč, et ça a Ă©tĂ© une chance, une chance quand mĂȘme, ça existe la chance, parce que nous avons errĂ©, avec beaucoup d’inquiĂ©tude, sachant ce camp pas trĂšs loin, sachant que si, euh, la police nous trouvait lĂ , Ă  errer, euh, l’affaire serait vite rĂ©glĂ©e
 Dans la rue, nous avons le, le contremaĂźtre, je ne me souviens plus de son nom
 [
]Paul H. Il nous a vus lĂ , il s’est arrĂȘté Robert G. Il nous a dit Qu’est-ce que vous faites lĂ  ? » 14Et les voilĂ  repartis en direction de leur ancienne usine qu’ils ont retrouvĂ©e complĂštement dĂ©truite. D’autres tĂ©moins m’ont racontĂ© des pĂ©rĂ©grinations semblables, d’un endroit Ă  l’autre, pour Ă©viter de tomber aux mains des Allemands ou des Russes. 15La libĂ©ration proprement dite, Ă  savoir l’arrivĂ©e des troupes alliĂ©es, s’est Ă©talĂ©e sur plusieurs mois et a prĂ©sentĂ© une grande variĂ©tĂ© de situations. Tout d’un coup, les rĂŽles Ă©taient inversĂ©s. Les anciens seigneurs » brĂ»laient leurs uniformes et dĂ©pendaient parfois de certificats de conduite clĂ©ments de la part de leurs anciens prisonniers ou ouvriers requis. Pierre G. J’ai vu quelque chose qui m’a fait bien plaisir Ă  la libĂ©ration, j’ai vu les SS et les SA brĂ»ler leur tenues en face de Goldina, lĂ , hein, et puis j’ai vu les
 des Allemands qui Ă©taient dĂ©lĂ©guĂ©s de l’Arbeitsfront, Arbeit- ceci, hein, qui avaient ça devant leur devanture de maison, lĂ , hein, enlever les plaques, et puis venir nous dire, hein Tu ne diras pas que t’as Ă©tĂ© malheureux avec moi, lĂ , et ainsi de suite, hein. Parce que c’est sĂ»r, Ă  la libĂ©ration, il y avait des officiers
 alliĂ©s, lĂ , qui nous interrogeaient. 16Du jour au lendemain, les otages Ă©taient devenus des hommes libres, voire appartenaient au camp des vainqueurs, mĂȘme s’ils hĂ©sitaient un peu Ă  assumer pleinement ce nouveau rĂŽle. Ce renversement des hiĂ©rarchies se montrait jusque dans les petits dĂ©tails de la vie quotidienne Edgard B. Et il y a une chose extraordinaire qui nous a fait drĂŽle, qui m’a fait drĂŽle Ă  moi, Français. Quand on marchait sur le trottoir, les Allemands descendaient et ils retiraient leurs casquettes. [
] On Ă©tait, on a Ă©tĂ© tellement habituĂ©s du contraire
 [
] que ça
 qu’on est restĂ©s
H. B. Alors, lĂ , mais
 moi j’ai dit, tu as vu, alors, ils descendent, ils nous saluent. Oui, je me dis, oui, hein, mais si, mais qu’est-ce, qu’est-ce qui se passe, vraiment, on Ă©tait, alors, abasourdis. ÉtonnĂ©s, de voir l’inverse parce qu’on ne rĂ©alisait pas encore
 On ne pouvait pas rĂ©aliser qu’on Ă©tait libres !H. Et que vous Ă©tiez vainqueurs, en quelque B. Qu’on Ă©tait vainqueurs, que nous, on n’était pas, on Ă©tait dĂ©livrĂ©s. Attention. Nuance !H. Hm. B. Parce que nous, on n’a rien Non, non, mais vous Ă©tiez dans le camp des
Edgard B. On Ă©tait dans le camp des vainqueurs. On rĂ©alisait trĂšs B. Y en a eu quelques-uns qu’ont fait des excĂšs, qui ont balancĂ© des meubles
 euh, des meubles par la fenĂȘtre, mais ça a Ă©tĂ© vite mis, mis d’aplomb, parce que nous, on a commencĂ© Ă  leur dire, mais dites donc, eh, oh ! 17Bien entendu, pour leur ravitaillement, les Français, et tous les » Displaced Persons, comme les libĂ©rateurs alliĂ©s les appelaient, n’avaient d’autre choix que de vivre sur l’habitant et sur les stocks allemands. Les AlliĂ©s les y incitaient d’ailleurs expressĂ©ment. Quand l’occasion s’y prĂȘtait, m’ont dit des tĂ©moins, ils n’hĂ©sitaient pas Ă  se procurer aussi des vĂȘtements ou des chaussures. Paul P., un ancien prisonnier de guerre, s’est vu offrir un vĂ©lo Dans le flot de la circulation, les Tommies toujours corrects mais inflexibles arrĂȘtaient tous les cyclistes et donnaient les vĂ©los aux Ă©trangers et aux qui attendaient leur tour ! J’en ai pris un ! 18Mais les sentiments de haine et de vengeance qui les auraient poussĂ©s Ă  des destructions gratuites, des pillages ou des actes de violence Ă©taient pratiquement absents chez les Ă©trangers ouest-europĂ©ens. Par contre, de tels sentiments pouvaient puiser des motifs bien plus profonds dans les traitements endurĂ©s par ceux venus de l’Est qui, considĂ©rĂ©s comme des sous-hommes, avaient dĂ» mener, des annĂ©es durant, une existence de parias et dont les pays, toutes proportions gardĂ©es, avaient connu une occupation allemande beaucoup plus dĂ©vastatrice, semant la rĂ©pression sanglante et la terreur gĂ©nĂ©ralisĂ©e. 19Dans l’explosion de joie, il y eut, certes, les cĂ©lĂ©brations spontanĂ©es de la libĂ©ration, unissant les Français et les Russes dans un mĂȘme enthousiasme, comme s’en souvient Yves Bertho Pour finir sur des images finales, je voudrais terminer sur la fin de la guerre, c’est-Ă -dire trois ou quatre jours avant le suicide de Hitler
 ça devait ĂȘtre le 27 avril, si je ne m’abuse, oĂč les troupes anglaises ont dĂ©livrĂ© BrĂȘme et oĂč il est restĂ© avant la remise en ordre par les autoritĂ©s anglaises – puis aprĂšs amĂ©ricaines – d’occupation de BrĂȘme une pĂ©riode de joyeux dĂ©sordre. Et ça se terminait pour moi par cette image qui Ă©tait vraiment d’un comique complet d’arriver un soir, peut-ĂȘtre le 28 avril, dans une roulotte d’entretien des tramways qui devait se situer du cĂŽtĂ© du musĂ©e de BrĂȘme, au bout d’Am Wall, oĂč j’entendais – la nuit Ă©tait tombĂ©e – oĂč j’entendais chanter et hurler. Je suis rentrĂ© dans cette petite roulotte, et lĂ -dedans, il y avait sept Russes qui Ă©taient en train de faire des crĂȘpes, casser des bouteilles Ă  mĂȘme
 la bouteille et Ă  chanter, et ils Ă©taient tous en frac, avec des queues-de-pie qu’ils avaient volĂ©s sans doute dans un magasin trĂšs chic de Obernstraße, en sorte qu’ils avaient Ă  mĂȘme la peau des costumes de mariĂ©s, avec les parements de soie, avec de grandes tĂąches de graisse ! Et alors on a bu, on a levĂ© un toast Ă  la santĂ© de de Gaulle, un toast Ă  la santĂ© de Staline, tout ça criait
 ils Ă©taient manifestement presque tous complĂštement saouls, et moi je commençais Ă  l’ĂȘtre aussi, tout ça donnait une image quand mĂȘme dĂ©risoire et merveilleuse de ce que pouvait ĂȘtre la vie, et d’en ĂȘtre sortis. 20Mais en mĂȘme temps, beaucoup de Français, qui, pendant leur sĂ©jour, avaient appris Ă  distinguer parmi les Allemands, protĂ©geaient mĂȘme parfois les civils allemands contre des actes de vengeance. Les AlliĂ©s regardaient cette attitude d’un Ɠil quelque peu critique 7 Rapport du Dubarle au commandant de la mission de liaison francaise colonel Lano du 2 m ... Vis-Ă -vis des populations allemandes, il est difficile aux français rĂ©cemment libĂ©rĂ©s de passer tout d’une piĂšce du systĂšme antĂ©cĂ©dent au systĂšme d’occupation. Beaucoup de relations humaines subsistent, les allemands s’y appuient constamment pour Ă©viter d’avoir affaire aux russes, yougoslaves, polonais
 En zone amĂ©ricaine, les Français rĂ©cemment libĂ©rĂ©s constituent parfois une sorte de petite milice locale, plus ou moins armĂ©e, chargĂ©e de policer le pays et d’éviter aux populations les excĂšs qu’elles redoutent de la part des 21Beaucoup de tĂ©moins font Ă©tat de cette peur des Russes qu’éprouvaient notamment les femmes allemandes 8 EnquĂȘte auprĂšs d’anciens prisonniers de guerre XB par le ComitĂ© d’Histoire de la DeuxiĂšme Guerre ... Vers la fin, elles avaient toutes peur des Russes et souhaitaient que les AmĂ©ricains arrivent les premiers Ă  BrĂȘme. Quelques jeunes Français ont agrĂ©ablement profitĂ© de cette peur
8 22Cette crainte Ă©tait sans doute en grande partie justifiĂ©e, mais la propagande nazie y avait aussi contribuĂ©, en nourrissant dĂ©libĂ©rĂ©ment la peur des reprĂ©sailles qui s’abattraient sur les Allemands en cas de victoire alliĂ©e. En tout cas, les sentiments de haine, auxquels le moment Ă©tait enfin venu de laisser libre cours, correspondent directement Ă  la place respective de chacune des nations et des races » dans la hiĂ©rarchie nationale-socialiste et Ă  leur degrĂ© d’oppression. 23Pour ce qui est des civils français, ils n’ont que rarement commis des actes de vengeance contre la population allemande, mais ont parfois aussi fait preuve de charitĂ©. Ainsi, une photo prise par AndrĂ© P. montre des femmes allemandes venant au camp des Français avec leurs enfants pour demander des vivres. – Des femmes allemandes avec leurs enfants demandant des vivres auprĂšs des ouvriers français juste libĂ©rĂ©s, Bremen-Hemelingen, fin avril 1945. Collection AndrĂ© P. 24Les rapports avec les libĂ©rateurs alliĂ©s Ă©taient d’abord marquĂ©s par la joie de voir enfin finir, Ă  leur arrivĂ©e, la longue captivitĂ© et la contrainte au travail en Allemagne. Mais il y eut aussi quelques frottements car ces troupes devaient donner la prioritĂ© Ă  l’accomplissement rapide de leur mission militaire et ne pouvaient pas prendre en charge et rapatrier les libĂ©rĂ©s aussi vite que ceux-ci l’auraient voulu. Devoir encore attendre leur rapatriement organisĂ© – car les convois spontanĂ©s gĂȘnaient les opĂ©rations militaires -, ĂȘtre entassĂ©s dans des centres de rapatriement », souvent leurs anciens camps, se faire enregistrer sur des listes, supporter une nouvelle tutelle et bureaucratie, tout cela mit Ă  rude Ă©preuve la patience de plus d’un libĂ©rĂ©. Le rapatriement 25Le responsable du rapatriement des Français Ă©tait Henri Frenay, ministre des prisonniers, dĂ©portĂ©s et rĂ©fugiĂ©s, mais les modalitĂ©s concrĂštes du retour dĂ©pendaient largement des forces alliĂ©es combattant en Allemagne. Elles formĂšrent pour cela un corps militaire de rapatriement de hommes, complĂ©tĂ© par des missions militaires françaises dans les pays de transit comme la Belgique. InĂ©vitablement, il y eut parfois conflit entre le souci de rapatrier les DP et les opĂ©rations militaires. De plus, les autoritĂ©s militaires agirent au dĂ©but selon leur logique traditionnelle en privilĂ©giant les militaires dans le rapatriement. Frenay contesta cette doctrine au nom d’une Ă©galitĂ© de traitement pour toutes les catĂ©gories. La condition particuliĂšrement prĂ©caire des dĂ©tenus des camps de concentration, qui dĂ©passait l’imaginable, força peu Ă  peu tous les responsables Ă  rĂ©viser leurs conceptions thĂ©oriques et Ă  aider en prioritĂ© ceux qui en avaient le besoin le plus urgent. 9 Frenay 1945, p. 109. 26La difficultĂ© de la tĂąche Ă©tait accrue par le manque d’informations prĂ©cises sur le nombre des Français libĂ©rĂ©s et les lieux oĂč ils se trouvaient ainsi que par la pĂ©nurie de moyens matĂ©riels dans une France affaiblie par les annĂ©es d’occupation. Le ministĂšre et les intĂ©ressĂ©s divergent dans leur bilan global du rapatriement. Henry Frenay faisait valoir que, malgrĂ© des conditions particuliĂšrement difficiles, 95 % des Français avaient pu ĂȘtre rapatriĂ©s dans les 100 jours, le double du chiffre de la PremiĂšre Guerre mondiale dans un tiers du temps, qu’il n’y avait pas eu d’infections secondaires au typhus et que les rapatriĂ©s arrivĂ©s en bonne santĂ© avaient regagnĂ© leur familles en moins d’une Les intĂ©ressĂ©s, eux, Ă©taient parfois trĂšs déçus et faisaient de nombreuses critiques contre l’organisation du rapatriement, comme celle-ci 10 Cochet 1992a, p. 81. Ces hommes ont Ă©tĂ© maintenus dans leur camp en attendant un rapatriement qu’ils ne voient pas venir. [
] Il y a lĂ  une honte qui doit cesser. [
] Quand les campagnes allemandes regorgent de vivres et de produits, quand les officiers et gĂ©nĂ©raux hitlĂ©riens mangent Ă  leur habitude, c’est une honte, en effet, que les internĂ©s politiques connaissent la faim. [
] Ces hommes ne demandent pas grand-chose. Ils ne veulent pas de traitement de faveur ils ne rĂ©clament ni mĂ©dailles, ni discours Ils veulent seulement rentrer chez 27Les itinĂ©raires du rapatriement et les moyens de transport Ă©taient extrĂȘmement variĂ©s. Exemple typique, voici le souvenir que garde Michel Brisset de son dĂ©part de Bremerhaven, au bord de la mer du Nord Le 12 mai, l’ordre est venu au camp de prĂ©parer nos valises pour le dĂ©part. Le 16, des camions amĂ©ricains sont venus Ă©vacuer tout le camp Français, Belges, Hollandais et quelques Italiens. [
] Les camions se suivent et descendent vers le sud. De gauche Ă  droite nous regardons les convois de camions sur toutes les routes des chars, des bulldozers, des half track. Nous dĂ©couvrons la puissance amĂ©ricaine. Des champs remplis de jerricans pour transfert de carburant. Des chauffeurs sont en majoritĂ© des noirs. Quand il y avait des riviĂšres, des ponts s’affaissaient sous le poids du camion en passant sur des doubles rainures mĂ©talliques et remontaient ensuite en tanguant sur l’eau. Nous nous arrĂȘtions dans un camp amĂ©ricain pour nous faire inscrire et passer Ă  la dĂ©sinfection au DDT aspergĂ©s presque Ă  nu. Nous restions une nuit dans ce camp oĂč des mĂ©decins militaires soignaient ceux qui Ă©taient souffrants. Le lendemain, nous repartions dans un train pour wagons Ă  bestiaux avec de la paille, mais libres. Le train roulait lentement et s’arrĂȘtait toutes les heures environ. Tous ceux qui avaient un besoin naturel Ă  satisfaire descendaient, et comme il y avait des cĂ©rĂ©ales aux herbes de 80 cm de hauteur, se soulageaient car naturellement il n’y avait pas de WC dans ce genre de wagon. Nous Ă©tions des des prisonniers français et quelques-uns qui revenaient des camps de concentration avec leurs pyjamas rayĂ©s blanc et noir amaigris. Nous passons sur la Weser dans la rĂ©gion de Minden, toujours au ralenti. Puis MĂŒnster, et Ă  Wesel nous passions sur le Rhin, tout doucement, sur un nouveau pont, les rails fixĂ©s sur de gros poteaux en bois, Ă  5 km Ă  l’heure. Le Rhin Ă©tait Ă  5 Ă  10 m en dessous et nous en retenions notre respiration. 11 Brisset 2008. Ensuite, nous arrivons dans la Ruhr. La campagne verte est finie, ce n’est plus que dĂ©solation, usines dĂ©molies, terrils, dĂ©combres, aciĂ©ries, hauts fourneaux anĂ©antis. Nous traversons la Hollande propre et verte, et Maastricht. Les gares sont fleuries et pavoisĂ©es, la vallĂ©e de la Meuse, la Belgique, Namur, Charleroi et enfin Valenciennes en France. Le train s’arrĂȘte Ă  la frontiĂšre. Tout le monde descend. L’émotion est forte, les larmes aux yeux et on embrasse la 12 Cochet 1992a, p. 66 ; Durand 1980, p. 500. 13 Jacobmeyer 1985, p. 83. Une lettre du ministre des Affaires Ă©trangĂšres au Commissaire GĂ©nĂ©ral p ... 28Si les Français libĂ©rĂ©s par les AmĂ©ricains et les Britanniques rentraient chez eux en moyenne dans les 17 jours aprĂšs leur libĂ©ration, les Français libĂ©rĂ©s par l’ArmĂ©e Rouge et se trouvant donc Ă  l’Est du front, mettaient 116 jours, en passant par Odessa et Seuls 0,13 % des Français n’avaient pas regagnĂ© leur pays en septembre 29Un petit nombre avait retardĂ© leur retour de quelques jours pour tenter de ramener avec eux une amie allemande, polonaise ou soviĂ©tique. Selon les souvenirs de mes tĂ©moins, des femmes allemandes se seraient couchĂ©es devant les camions de rapatriement en exigeant d’y ĂȘtre admises, avec ou sans le consentement de leur ami français d’ailleurs. Cf. p. 261 Si certains Français ont rĂ©ussi par la suite Ă  faire admettre en France des femmes connues du temps de leur travail forcĂ©, la politique française dans la phase du rapatriement immĂ©diat Ă©tait restrictive en la matiĂšre. Les Ă©trangĂšres n’étaient admises que si le couple avait dĂ©jĂ  des enfants ou en attendait – le seul fait d’ĂȘtre mariĂ©s ne suffisait pas. 14 Circulaire du ministre de l’IntĂ©rieur aux prĂ©fets du 12 juin1945 AN F/9/3308, confirmĂ©e par celle ... Rien n’est modifiĂ© au principe posĂ© par ma circulaire du 5 mai selon lequel les femmes enceintes, ou avec enfants, sont seules admises actuellement Ă  pĂ©nĂ©trer en France accompagnĂ©es d’un prisonnier ou dĂ©portĂ©. Le fait que les intĂ©ressĂ©es prĂ©tendent avoir contractĂ© rĂ©guliĂšrement mariage en Allemagne avec un prisonnier ou dĂ©portĂ© ne les autorise donc pas, jusqu’à nouvel ordre, Ă  entrer sur notre 30Soupçonneux, le chef de la mission française du rapatriement, le colonel Lano, demande le 18 avril 1945 au MinistĂšre des Prisonniers, RĂ©fugiĂ©s et DĂ©portĂ©s La question la plus frĂ©quente qui m’est posĂ©e, est celle concernant les femmes qui suivent un dĂ©portĂ© ou un prisonnier. S’il y a enfant ou maternitĂ© proche, nous les laissons passer. Mais oĂč commence l’état de femme enceinte » depuis 10 minutes ou depuis 6 mois ? AN F/9/3308 31Et il ne laisse aucune Ă©quivoque sur ses sentiments Ă  leur Ă©gard Les femmes ramenĂ©es ainsi sont pour la plupart Russes ou Polonaises. Leur aspect est une preuve du manque de goĂ»t de leurs protecteurs. Ibid. 32Quant aux attentes ressenties par les rapatriĂ©s, toutes catĂ©gories confondues, plusieurs sources font Ă©tat d’une volontĂ© nette de voir punis les responsables de leur dĂ©portation, aussi bien allemands que français. Comme toujours attitude trĂšs dĂ©cidĂ©e en ce qui concerne l’épuration. Ce ne sont pas les prisonniers qui se montreront tendres pour les collaborateurs. [
] Au dĂ©part du train ils chantaient Ă  tue-tĂȘte la Marseillaise ». Cf. annexe, document 33Les expĂ©riences communes de la captivitĂ©, les nuits sous les bombardements alliĂ©s, le travail extĂ©nuant, les conditions de vie prĂ©caires, la surveillance par la Gestapo et le SD n’étant plus qu’un mauvais souvenir, le jour de faire les comptes Ă©tait proche et la France allait prendre en compte et juger Ă  leur juste valeur les souffrances et les mĂ©rites patriotiques de chacun, en sanctionnant les compromissions avec l’ennemi. Mais si tous attendaient ce jugement, les attitudes divergent selon les catĂ©gories de rentrants Moral des prisonniers = excellent DĂ©portĂ©s politiques = excellent DĂ©portĂ©s = un peu fermĂ© au dĂ©but. Nous les rassurons petit Ă  petit ; ils se dĂ©tendent et partent en chantant la Marseillaise 15 Rapport de l’officier de liaison colonel Lano du 27 mars 1945 AN F/9/3308. Prisonniers transformĂ©s = ce sont les plus inquiets sur l’accueil qui leur sera fait en 34Il s’agissait de savoir qui Ă©tait victime de la politique de Vichy et qui en revanche avait profitĂ© des faveurs du MarĂ©chal. Les travailleurs et les prisonniers ne fraternisent pas beaucoup. Les prisonniers transformĂ©s restent encore plus nettement Ă  l’écart. De façon gĂ©nĂ©rale, la mentalitĂ© des travailleurs est plus aigrie, moins patriote. Ils nourrissent contre le Gouvernement PĂ©tain une vigoureuse haine, ils lui en veulent de les avoir livrĂ© [sic] Ă  l’ennemi, de n’avoir jamais pris leurs intĂ©rĂȘts en main, de n’avoir jamais envoyĂ© de colis, alors que les prisonniers en recevaient de la Croix-Rouge ou d’ailleurs. Quant aux prisonniers transformĂ©s et travailleurs volontaires, ils craignent l’accueil qui leur sera fait en France. Cf. annexe, document 35L’apparente contradiction qui attribue aux travailleurs civils une plus grande hostilitĂ© vis-Ă -vis du gouvernement de Vichy mais un manque de patriotisme semble rĂ©sulter de l’apprĂ©ciation personnelle de l’auteur de ce texte. En tant qu’officier, il voyait un signe de patriotisme dans la discipline militaire dont les prisonniers de guerre firent preuve tandis qu’il jugeait comme communiste, et donc antipatriotique, la mentalitĂ© de saboteurs chez les ouvriers beaucoup moins disciplinĂ©s. Voici sur le chemin du retour au pays des Ă©lĂ©ments de l’ anti-France » qu’on devrait surveiller attentivement dans l’avenir. Une telle opposition Ă  Vichy, qui n’était pas issue du gaullisme et ne s’inscrivait pas en accord avec les AlliĂ©s de l’Ouest, loin d’ĂȘtre bienvenue, lui Ă©tait mĂȘme suspecte. N’avaient-ils pas Ă©crit sur un train du retour le slogan Les prisonniers transformĂ©s au poteau ! », mais aussi Mort aux Anglais
 Vive le communisme » ? Cf. annexe, document Aux yeux de cet officier de liaison, il s’agissait lĂ  d’élĂ©ments bien plus troubles que les prisonniers de guerre 16 Dans l’aprĂ©s-guerre immĂ©diat, le terme de dĂ©portĂ©s » dĂ©signe souvent les requis du travail. Toutefois nous notons que la diffĂ©renciation entre prisonniers et dĂ©portĂ©s16 s’accentue de jour en jour. Il faut attribuer cet Ă©tat d’esprit Ă  la discipline trĂšs stricte qui rĂšgne chez les prisonniers de guerre, en opposition flagrante avec le laisser-aller des dĂ©portĂ©s. aux dĂ©placements sur route. Les soldats, mieux organisĂ©s vivent mieux, s’entr’aident. Les dĂ©portĂ©s sont plus fatiguĂ©s, car peu ont rĂ©sistĂ© Ă  l’attrait du pillage et reviennent chargĂ©s comme des baudets d’un attirail hĂ©tĂ©roclite. 17 Rapport de l’officier de liaison colonel Lano du 18 avril 1945 AN F/9/3308. Chez les dĂ©portĂ©s, on trouve des traces de l’ancien communisme saboteur antipatriotique, et mĂȘme antifrançais ; chez les soldats, on note une recrudescence de la discipline, du sentiment national et surtout de l’esprit 36Le mĂȘme rapport, qui confond les catĂ©gories de maniĂšre flagrante, abonde dans les reproches de collaboration adressĂ©s aux travailleurs civils requis et aux prisonniers transformĂ©s et souligne leurs craintes Ă  ce sujet 18 Ibid. L’expression STO volontaires » semble indiquer que Lano n’est pas trĂšs familier des diffĂ©re ... Le prisonnier transformĂ© est considĂ©rĂ© comme un lĂącheur, comme un faux frĂšre, alors que parmi ceux que j’ai interrogĂ© sic beaucoup paraissent avoir obĂ©i au dĂ©sir d’amĂ©liorer leur condition, d’obtenir des permissions pour rester en France. [
] Plusieurs STO volontaires ont manifestĂ© la crainte d’ĂȘtre mal reçus Ă  leur retour en L’accueil en France 19 Ceux-ci Ă©taient souvent d’anciennes maisons du prisonnier », avec le personnel hĂ©ritĂ© du rĂ©gime d ... 20 Lagrou 1992, p. 240. 21 Cochet 1992a, p. 114. 37Le retour au pays, tant de fois imaginĂ© et tant espĂ©rĂ©, Ă©tait-il Ă  la hauteur des attentes ? InĂ©vitablement mais parfois Ă  leur grande dĂ©ception, le tout premier contact avec la mĂšre patrie retrouvĂ©e consistait en un ensemble de mesures administratives qui retardaient les retrouvailles avec la famille de plusieurs heures, voire journĂ©es, dans un des 75 centres d’accueil situĂ©s prĂšs de la frontiĂšre ou dans les Ces mesures comprenaient aussi la dĂ©sinfection et des interrogatoires souvent d’une mĂ©fiance Ă  peine voilĂ©e, ce criblage du rapatriement qualifiĂ© par Pieter Lagrou de Nuremberg des masses rudimentaire ».20 Ces centres Ă©mettaient les cartes de rapatriĂ© et les cartes d’alimentation et distribuaient aux ayants droit d’éventuelles primes et subventions. Il n’est pas Ă©tonnant que les apprĂ©ciations sur leur efficacitĂ© divergent autant que pour le rapatriement. Aux yeux de l’historien Cochet, certains centres mĂ©ritent cette remarque Si l’anarchie n’est pas totale, elle semble, en tous cas, impressionnante. »21 38Le ministre Henri Frenay par contre, qui avait promis de tout mettre en Ɠuvre afin que le retour de chacun soit une fĂȘte », tire un bilan globalement positif 22 Frenay 1976, p. 742-3. Chaque rapatriĂ© allait remplir en un temps record toutes les formalitĂ©s qui le rĂ©insĂ©raient dans la vie du pays. En outre, il allait ĂȘtre douchĂ©, Ă©pouillĂ©, examinĂ© mĂ©dicalement, muni d’une fiche de santĂ©, d’un bon de transport, de vivres de route et d’une prime en argent. En une heure dix tout devait ĂȘtre – Carte de RapatriĂ©. Collection Georges T. 23 Vissiere 1988, p. 459. 39Les souvenirs des tĂ©moins sur ces premiĂšres heures passĂ©es sur le sol français divergent beaucoup. En gĂ©nĂ©ral, plus le retour Ă©tait prĂ©coce, plus l’accueil semble avoir Ă©tĂ© chaleureux et cordial. Et bien entendu, beaucoup dĂ©pendait des dispositions individuelles des rapatriĂ©s et des personnes qui les accueillaient. Les infirmiĂšres traitaient parfois de haut ces garçons qui, au lieu de s’engager dans la RĂ©sistance, Ă©taient partis volontairement, croyaient-elles, contribuer Ă  l’effort de guerre du Reich. AssimilĂ©s aux collaborateurs, les devaient raser les murs et quĂȘter humblement leur 40Ce sont surtout les interrogatoires qui dĂ©cevaient les rentrants Edgard B. On a Ă©tĂ© reçus les bras ouverts, par les Hollandais, par les Belges [
] et moins bien par les Ah oui ?Edgard B. Les Français, ça a Ă©tĂ©, euh, vraiment, euh, un inter-
 interrogatoire, Ă  Lille, trĂšs B. On avance et Pourquoi qu’on avait Ă©tĂ© lĂ -bas, pourquoi qu’on avait fait ça, euh, si on Ă©tait ancien collaborateur, enfin, des questions complĂštement idiotes et tout ça
 M’enfin, on a Ă©tĂ© reçu froidement. 41Pour la plupart des tĂ©moins cependant, ces formalitĂ©s bureaucratiques ne pouvaient pas gĂącher l’immense joie d’ĂȘtre enfin libres et de retrouver les leurs. Le pays, lui-mĂȘme Ă  bout de forces aprĂšs quatre annĂ©es d’occupation, les avait, somme toute, convenablement accueillis, jugent-ils. Pour ceux d’entre eux qui ont pris une part active dans le combat de la FNDT contre la stigmatisation des anciens requis du travail, l’accueil par la mĂšre patrie se divise entre la population en gĂ©nĂ©ral, bienveillante et amicale Ă  leur Ă©gard, et l’attitude des gouvernements successifs qui leur avaient refusĂ© la reconnaissance d’un statut H. Et considĂ©rez-vous que la France, dans son ensemble, vous avait bien accueillis, ou plutĂŽt
AndrĂ© P. TrĂšs bien accueillis, Ă  notre retour. TrĂšs bien. TrĂšs bien.[
]H. Et si vous considĂ©rez les deux autres catĂ©gories dont s’occupait le ministĂšre de l’époque, donc prisonniers, dĂ©portĂ©s et rapatriĂ©s, il y avait aussi des dĂ©portĂ©s raciaux qui rentraient, dĂ©portĂ©s raciaux et politiques, et il y avait aussi des prisonniers de guerre. Est-ce que vous vous sentiez traitĂ©s de la mĂȘme façon, ou est-ce qu’il y avait des avantages d’un cĂŽtĂ© ou de l’autre ?AndrĂ© P. Nous sommes totalement AbandonnĂ©s ?AndrĂ© P. Oui. La preuve, j’ai dĂ©coupĂ© le titre du », il a changĂ© de nom, il s’appelle Le proscrit ».H. Tout Ă  l’heure, je vous ai demandĂ© si vous avez Ă©tĂ© bien accueillis, vous avez dit que oui
AndrĂ© P. Ah
 ! Par la popu-
 par la population Non, je veux dire, par la France, en tant que P. On a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©s par les gouvernements. Mais bien accueillis par la population. 42Pour ce qui est du soutien matĂ©riel, les tĂ©moins sont unanimes Ă  signaler son insignifiance Ils nous ont donnĂ© la permission de nous dĂ©brouiller » Robert G.. 43En dĂ©cembre 1944, bien avant l’arrivĂ©e des rentrants, le colonel Lano, officier de liaison au rapatriement, avait mis en garde Henri Frenay contre les suites possibles d’un accueil qui ne serait pas Ă  la hauteur des attentes Je crains que si nous ne mettons pas Ă  profit les semaines qui vont suivre Ă  mettre sur pied une organisation complĂšte avec ses vivres, ses vĂȘtements, ses logements, nous risquons de voir dĂ©bouler sur la France des hordes de prisonniers qui s’écrieront C’est ça le Gouvernement provisoire de la RĂ©publique française, c’est ça le Gouvernement du GĂ©nĂ©ral de Gaulle, eh bien sous Vichy, ça n’aurait pas Ă©tĂ© plus mal. Je hais, comme vous Monsieur le ministre, le sectarisme gaulliste, je ne suis pas de ceux qui veulent la lutte entre Français, mais il faut se rendre Ă  l’évidence, il y a des vichystes et des Gaullistes. Il est difficile d’ĂȘtre neutre mĂȘme pour le plus mou des mous, et comme chaque prisonnier, Ă  sa rentrĂ©e, crĂ©era autour de lui un groupe de 3 ou 4 personnes, parents, frĂšres, sƓurs, amis, 3 millions de Prisonniers et DĂ©portĂ©s risquent de crĂ©er une masse de 10 millions de mĂ©contents Ă  un moment oĂč la France a tant besoin de l’Union de toutes les bonnes volontĂ©s pour sortir de l’orniĂšre. [
] Il ne faut pas qu’au grand espoir succĂšde le plus lamentable des dĂ©sespoirs, et qu’une vague de fureur ne vienne ajouter sa force destructive aux destructions qui se sont accumulĂ©es sur le sol de France. 13 dĂ©cembre 1944, AN F/9/3308 44D’un autre cĂŽtĂ©, s’ils invoquaient les expĂ©riences douloureuses de la captivitĂ© et du travail forcĂ© en Allemagne, les rapatriĂ©s se voyaient rĂ©pondre que le sort des Français restĂ©s au pays n’avait pas Ă©tĂ© enviable non plus, loin de lĂ  24 Boudot 1976, p. 716. Tentent-ils d’engager une conversation, ils entendent des plaintes sur l’indigence du ravitaillement, sur l’existence du marchĂ© noir, sur les difficultĂ©s quotidiennes. Lorsqu’ils veulent Ă©voquer leurs propres misĂšres, on leur dĂ©crit l’Occupation et ses drames ; quand ils parlent de leur fidĂ©litĂ© Ă  la France, on Ă©voque devant eux le sacrifice des rĂ©sistants. Un lourd malaise pĂšse sur eux. Sont-ils encore Ă  l’heure de leur pays ?24 45En plus des dĂ©ceptions dues Ă  un accueil plus froid et moins gĂ©nĂ©reux qu’ils ne l’avaient espĂ©rĂ©, et au fait de trouver une France exsangue Ă  leur retour, les rapatriĂ©s devaient se demander s’ils avaient vraiment autant manquĂ© Ă  leur patrie que les discours de bienvenue le prĂ©tendaient. Au moment de leur retour, l’enthousiasme de la LibĂ©ration qui avait parcouru la France Ă  partir de l’étĂ© 1944 avait dĂ©jĂ  cĂ©dĂ© le pas Ă  une certaine dĂ©sillusion. Les destructions de la guerre Ă©taient partout prĂ©sentes, les rigueurs d’alimentation allaient encore durer un certain temps et la reconstruction demandait un effort collectif important. Les moyens pour soutenir les rapatriĂ©s Ă©taient limitĂ©s, de mĂȘme que la compassion d’une population qui avait l’impression d’avoir autant souffert qu’eux, mis Ă  part les survivants des camps de concentration, Ă©videmment. 46De plus, le pays avait entamĂ© la reconstruction et s’était dotĂ© de nouvelles structures politiques et sociales dĂšs les premiers mois suivant la LibĂ©ration, bien avant leur retour. Peu d’entre eux avaient pu participer aux premiĂšres Ă©lections lĂ©gislatives d’avril 1945 et les postes de commande dans les partis politiques et les institutions avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©partis et confĂ©rĂ©s parfois Ă  des rĂ©sistants de la derniĂšre heure », ce qui ne manquait pas d’exaspĂ©rer les rapatriĂ©s. Certains soldats des Forces Françaises Libres se conduisaient alors comme des cowboys, trouvait Paul T., et Edmond T. jugeait mesquine la façon dont Ă©taient faits certains rĂšglements de compte J’ai Ă©tĂ© Ă©cƓurĂ©, booh ! » 25 Sur les personnes condamnĂ©es Ă  des peines de prison en 1945, les deux tiers Ă©taient libres t ... 26 La critique des imperfections de l’épuration fait parfois abstraction de la situation concrĂšte de l ... 47Aux yeux des rapatriĂ©s l’épuration n’était pas suffisamment dirigĂ©e contre les responsables de la collaboration d’État politique et surtout Ă©conomique25, mais frappait surtout le menu fretin ».26 Fernand L. Beh, oui, la France est beaucoup changĂ©e, la France Ă©tait, beh, c’était la France des rĂšglements des comptes. C’est la France de
 phh
 comptes, on coupait le cheveux aux femmes qui avaient collaborĂ©, les collaborateurs ont fui, il y en a qui en voulaient Ă  d’autres et, par lĂ , il y avait des choses qui, alors c’était une France qui Ă©tait
 morose oui, c’était une France
 libĂ©rĂ©e, parce que la LibĂ©ration, vous avez vu des photos peut-ĂȘtre ? La libĂ©ration de Paris, tout ça ? 48À part les petites minoritĂ©s authentiquement collaborationnistes ou rĂ©sistantes, la plupart des Français avaient vĂ©cu les quatre ans d’occupation en s’arrangeant bon grĂ© mal grĂ© avec les circonstances tandis que la guerre Ă©tait menĂ©e sur d’autres fronts dĂ©cisifs. Le mythe gaulliste de la nation française rĂ©sistante dans son ensemble leur offrait un modĂšle d’identification puissant et volontiers endossĂ©. 49Par contre, les rapatriĂ©s, eux, par le simple fait de leur absence ne pouvaient revendiquer une appartenance quelconque Ă  la RĂ©sistance, fut-ce celle de la derniĂšre heure. L’insistance sur les sabotages et la rĂ©sistance passive dans la gueule du loup, que l’on trouve parfois dans la mĂ©moire officielle du groupe cf. p. 189, essaie de faire admettre les travailleurs requis dans cette mĂ©moire collective, mais en vain. Il Ă©tait trop tentant de projeter sur eux les ambiguĂŻtĂ©s qui avaient Ă©tĂ© celles de la majeure partie des Français en les accusant d’avoir collaborĂ© », d’autant plus que leur histoire rappelait le triste Ă©pisode de la collaboration d’État de Vichy, que l’on prĂ©fĂ©rait encore passer sous silence Ă  l’époque. 27 Gratier de Saint-Louis 1990, p. 12. Et on leur demande des comptes sur les raisons de leur prĂ©sence en Allemagne. De terribles censeurs, rĂ©sistants de la vingt-cinquiĂšme heure, leur jettent des regards soupçonneux comme s’ils Ă©taient des gestapistes ou des Waffen-SS français. Les rĂȘves de bras ouverts tournent court le plus souvent, et il faut rentrer discrĂštement dans le rang. Quarante-cinq ans plus tard, la blessure n’en finit pas de cicatriser. Pire, elle s’est rouverte dans les prĂ©toires oĂč certains l’ont 28 Cf. Arnaud/Bories-Sawala 2003, Virgili 2007. 50Si l’honneur des travailleurs civils n’a trĂšs longtemps pas Ă©tĂ© reconnu par la mĂ©moire nationale – l’octroi d’un statut de victimes plus de 60 ans aprĂšs la fin de la guerre cf. p. 361 ne pourra remĂ©dier aux dĂ©cennies d’amertume – il a au moins Ă©tĂ© revendiquĂ© et dĂ©fendu. Il en va tout autrement d’un groupe de rapatriĂ©s dont nous savons trĂšs peu de choses les femmes françaises n’ont fait l’objet d’aucune Ă©tude approfondie et nous n’avons pu entrer en contact avec aucune d’entre elles, sans doute Ă  cause de la condamnation sans appel qui les avait frappĂ©es Ă  l’époque et du tabou qui n’a jamais Ă©tĂ© levĂ© Ă  leur Ă©gard cf. p. 224.28 29 Rapport sur l’activitĂ© des mĂ©decins du groupe mĂ©dical de secours au cours du mois de mai 1945. Cent ... 51Les archives du ministĂšre Frenay livrent plusieurs documents les concernant un rapport sur le contrĂŽle mĂ©dical des rapatriĂ©es aux Ecluses-Saint-Martin », qui insiste sur le fait que les visites mĂ©dicales devaient ĂȘtre nĂ©cessairement minutieuses »29 et deux autres textes intĂ©ressants, l’un sur la gestion politique de leur retour, l’autre sur la situation dans laquelle elles se trouvent. 52Le Rapport relatif aux femmes rapatriĂ©es d’Allemagne » cf. annexe, document se rĂ©fĂšre Ă  des pourparlers avec des mouvements politiques, familiaux et confessionnels » et demande au gouvernement de prendre des dĂ©cisions sur leur sort en Ă©vitant de les rejeter sans distinction. Tous les mouvements, considĂ©rant la situation dĂ©mographique de la France d’une part, le danger qu’il y aurait Ă  crĂ©er des martyres » appelĂ©es Ă  former le noyau d’un parti d’opposition, d’autre part, se rejoignent sur cette idĂ©e que nous ne pourrions rejeter en bloc les volontaires pour le Travail en Allemagne, de la vie nationale. 53Le rapport propose ensuite une distinction en quatre catĂ©gories de femmes qui devaient recevoir un traitement diffĂ©rent. Celles qui sont parties volontairement, obĂ©issant Ă  leurs convictions politiques, ou, et c’est le cas le plus frĂ©quent, suivant des soldats de l’armĂ©e d’occupation », les amantes de soldats allemands, devaient ĂȘtre internĂ©es dans des camps spĂ©ciaux. Les prostituĂ©es devaient ĂȘtre transfĂ©rĂ©es dans des hĂŽpitaux pour surveillance mĂ©dicale. Celles qui se sont engagĂ©es pour rejoindre leur mari Prisonnier ou DĂ©portĂ© du Travail » devraient ĂȘtre envoyĂ©es, avec leur mari, dans des maisons de repos’ spĂ©cialement amĂ©nagĂ©es pour permettre la vie par couple. » Enfin, celles qui, ne pouvant vivre en France du fait des bas salaires se laissĂšrent sĂ©duire par la propagande », donc avaient acceptĂ© de travailler en Allemagne pour des motifs Ă©conomiques, seraient considĂ©rĂ©es comme non-volontaires » et devaient passer quelque temps dans des maisons de repos oĂč l’on s’efforcerait de les entourer d’un climat moral sain. » 54Ensuite, puisque toutes les enquĂȘtes [
] prouvent que la Femme rapatriĂ©e d’Allemagne ne peut reprendre sa place soit du fait de sa famille, soit du fait de ses voisins », le rapport recommande qu’elles soient placĂ©es dans une ville suffisamment Ă©loignĂ©e de la rĂ©sidence d’oĂč la femme partit pour l’Allemagne », et ce mĂȘme pour le cas des couples de prisonniers ou de dĂ©portĂ©s du travail, ce qui en dit long sur le climat social qui rĂ©gnait Ă  l’égard des femmes rapatriĂ©es. 30 Virgili 2007, p. 372-3. 31 Virgili 2007, p. 374-6. Plus de la moitiĂ© des dĂ©partements connurent des lynchages, un quart de ... 55Ces mesures ont-elles Ă©tĂ© appliquĂ©es ? Devant le mutisme des intĂ©ressĂ©es, il est impossible de le savoir. Les soucis des autoritĂ©s, en tout cas, portaient plus sur un danger de contagion » que sur des attitudes collaborationnistes car, de toute maniĂšre, on ne prĂȘtait pas aux femmes des convictions politiques et peu d’entre elles furent rĂ©ellement inquiĂ©tĂ©es par la Elles furent, par contre, nombreuses Ă  ĂȘtre victimes de la vindicte populaire et de l’auto-justice, tondues, brutalisĂ©es sur les quais de gare, voire 32 Thaumiaux s. d.. 56L’histoire de Rolande Thaumiaux, la femme d’un prisonnier de guerre qui l’avait rejoint Ă  GlĂŒckstadt,32 semble attester que les femmes dans son cas Ă©taient tout de mĂȘme beaucoup plus facilement pardonnĂ©es que les femmes cĂ©libataires. Elle relate son sĂ©jour, accompagnĂ©e de son mari, dans un centre d’accueil et d’examens mĂ©dicaux et une audition devant un tribunal militaire l’acquittant de tout reproche de collaboration avec l’ennemi. Ce n’était pas l’apport fourni Ă  l’effort de guerre ennemi qui importait, mais le motif pour lequel elle y avait consenti. Et dans cette hiĂ©rarchie du jugement moral, les relations sexuelles avec l’ennemi, qu’elles aient Ă©tĂ© rĂ©munĂ©rĂ©es ou amoureuses, Ă©taient le sommet de l’abjection. Rolande Thaumiaux, quant Ă  elle, put retourner peu aprĂšs dans sa famille qui s’était occupĂ©e entre-temps de son fils aĂźnĂ©. 57Le sort des femmes cĂ©libataires a dĂ» ĂȘtre tout autre. Le rapport de la Mission française de rapatriement en Allemagne sur l’accueil de ces femmes en rĂ©gion parisienne, en date du 5 juin 1945, cf. annexe document constate d’emblĂ©e que la situation des Françaises travailleuses rapatriĂ©es d’Allemagne semble s’aggraver de jour en jour ». En effet, les familles et les voisins les rejetaient et aucune autoritĂ© du rapatriement ne voulait se pencher sur leur sort. AprĂšs avoir subi l’examen mĂ©dical obligatoire au centre des Ecluses-Saint-Martin, ces femmes Ă©taient souvent dans la rue, au sens propre du terme, n’ayant parfois aucun abri pour la nuit Toutefois, celles qui ont des enfants sont acceptĂ©es, de mauvais grĂ© il est vrai, au Centre BenoĂźt-Mallon » dĂ©pendant de la prĂ©fecture et destinĂ© aux rĂ©fugiĂ©s hommes. Ainsi, les diffĂ©rentes instances se renvoyaient mutuellement la balle pour ne pas avoir Ă  s’occuper de ces citoyennes indĂ©sirables. 58Par manque d’archives et de tĂ©moignages, on ne peut pas en savoir plus sur le retour et la rĂ©insertion sociale de ces femmes. En tout cas, la crainte exprimĂ©e par le ministĂšre cf. supra de voir ces martyres » s’unir dans une force politique revendicative dĂ©montre une mĂ©connaissance flagrante de leur situation de boucs Ă©missaires. Il est au contraire trĂšs probable que leur seul dĂ©sir a Ă©tĂ© de faire oublier ce passĂ© honteux aux yeux de leur entourage, d’en parler le moins possible et de l’enfouir aux oubliettes pour toujours. 33 Cochet 1992a, p. 18. 34 Un livre blanc 1987, p. 39. 35 Cochet 1992a, p. 190. 36 Lewin 1987, p. 56. 37 Un livre blanc 1987, p. 38. 59Nous sommes bien mieux renseignĂ©s sur la rĂ©insertion sociale, professionnelle et personnelle des rapatriĂ©s hommes. Rappelons d’abord que le taux de mortalitĂ© pendant leur sĂ©jour en Allemagne est estimĂ© Ă  2 % pour les prisonniers33, 9 % pour les requis civils selon la FĂ©dĂ©ration34, et 83 % pour les dĂ©portĂ©s des camps de Le premier bilan de santĂ© des rapatriĂ©s, fait Ă  leur arrivĂ©e dans les centres de rapatriement, classait comme malades un quart des prisonniers, un sixiĂšme des travailleurs civils et un tiers des survivants des camps de concentration cf. p. 11436, mais ces rĂ©sultats ne sont sĂ»rement pas fiables car environ 30 Ă  40 % des rapatriĂ©s sont rentrĂ©s sans examen, ceux qui avaient Ă©tĂ© hospitalisĂ©s dĂšs leur libĂ©ration n’y figurent pas et on ne fait aucune distinction entre maladies graves et maladies bĂ©nignes. Et surtout, si les sĂ©quelles du travail forcĂ© n’apparaissent souvent que des annĂ©es plus tard, il est alors difficile de les lui attribuer avec certitude. Au sujet des suites Ă  long terme, une Ă©tude faite sur demande de la FNDT en 1972 avait constatĂ© une mortalitĂ© de 20 % de ce groupe, les deux tiers des dĂ©cĂšs Ă©tant survenus avant l’ñge de 60 ans, un taux bien supĂ©rieur Ă  la moyenne gĂ©nĂ©rale de la 38 Lewin 1987, p. 59. 60Les aides accordĂ©es par l’État aux travailleurs rapatriĂ©s se limitaient en gĂ©nĂ©ral Ă  deux semaines de congĂ©s payĂ©s au tarif du salaire moyen local, l’octroi d’une double ration alimentaire pendant 3 mois et des soins mĂ©dicaux gratuits pendant les neuf mois suivant le A leur arrivĂ©e en France, ils avaient reçu 1000 francs, des coupons alimentaires et vestimentaires pour quelques semaines et ils pouvaient Ă©changer jusqu’à 100 marks allemands au taux de 1 pour 20. 39 Charriere/Duguet 1946. Cf. pour ce qui suit Cochet 1991,1992a, 2003, Lewin 1987, Boudot 19 ... 61Il ne semble pas que ces principes aient Ă©tĂ© appliquĂ©s partout uniformĂ©ment. Diverses dispositions visaient Ă  pallier les dĂ©savantages juridiques dus Ă  leur longue absence dans le domaine du AprĂšs un repos de courte durĂ©e, la plupart des travailleurs rapatriĂ©s s’étaient rĂ©insĂ©rĂ©s dans la vie active car, dans cette phase de reconstruction de l’aprĂšs-guerre, la demande de main-d’Ɠuvre Ă©tait forte et le chĂŽmage quasiment inexistant. Les agriculteurs rentrants reprenaient en gĂ©nĂ©ral leur ferme, les autres trouvaient facilement un emploi dans l’industrie, l’artisanat ou les services, le plus souvent dans leur ancien mĂ©tier et mĂȘme leur ancienne entreprise. Parmi les tĂ©moins interviewĂ©s, seul Georges T. fut confrontĂ© Ă  une attitude surprenante Georges T. en imitant le chef du personnel de son ancienne firme
 Ah, mais dites donc, les
 les prisonniers qui vont rentrer, on les emploie, mais vous, quand mĂȘme vous auriez pu
 vous dĂ©fendre pour pas aller en Allemagne ». Le mĂȘme type, vous savez, qui nous avait dit qu’il fallait Le mĂȘme ?Georges T. Ah oui, rire, ah j’dis, c’est pas possible. Alors on vous convoquera si on a une place pour vous. » Parce que les prisonniers rentraient aussi, forcĂ©ment, il y avait beaucoup de monde qui rentrait. Alors, vous comprenez, vous, vous n’avez pas Ă©tĂ©, vous n’avez pas Ă©tĂ© tellement des hĂ©ros » que nous dit le type, ah, lĂ , lĂ  je me rappelle toujours, mince, il me dit ça maintenant, hein, c’est gentil ! Et puis finalement, je vais trouver du boulot ailleurs, c’est, c’est fini, c’est pas grave. Oui. Mais en 45, euh, 45 lĂ , la vie Ă©tait trĂšs agitĂ©e en France, mais il y avait, euh, on travaillait, il y avait du travail. 62La situation de ceux qui avaient perdu leur commerce ou leur atelier pendant leur absence Ă©tait plus compliquĂ©e car ils devaient souvent repartir Ă  zĂ©ro. D’autres, frappĂ©s par la rĂ©quisition durant leur formation professionnelle ou leurs Ă©tudes, les reprenaient ou bien changeaient de cap aprĂšs leur retour. En effet, cette expĂ©rience les avait tous profondĂ©ment marquĂ©s, voire traumatisĂ©s pour certains, et il fallut plusieurs mois Ă  la plupart pour se rĂ©adapter Ă  une vie normale. Voici comment Michel Brisset a vĂ©cu le retour Ă  la ferme parentale 40 Brisset 2008. À la maison c’était la surprise car personne n’était prĂ©venu Ă©tant donnĂ© que le tĂ©lĂ©phone n’existait pas encore, mes parents n’avaient pas eu de mes nouvelles depuis aoĂ»t 1944. Mais qu’est-ce que j’ai trouvĂ© mon lit bon avec des draps blancs aprĂšs un dĂ©jeuner dĂ©licieux que je n’avais pas cru revoir
 J’étais entre ciel et terre Il m’a fallu quelques jours pour rĂ©aliser que j’étais enfin revenu d’Allemagne sans avions et alertes Il m’a fallu six mois pour que les piqĂ»res de puces disparaissent sur mon bras Enfin aprĂšs une dizaine de jours mon pĂšre me dit Michel va donc atteler les bƓufs et la boucle Ă©tait 63S’il Ă©tait agrĂ©able de dormir de nouveau dans des draps aprĂšs tant d’annĂ©es, leur sommeil resta troublĂ©, longtemps voire leur vie durant, de cauchemars de bombardements et de rĂ©pression, pour ceux qui les avaient subis Paul T. Je reviens un petit peu sur le retour, nous Ă©tions complĂštement dĂ©semparĂ©s, lĂ , au retour, hein. D’abord j’avais perdu l’habitude de dormir dans un lit. Je dormais sur le plancher, et puis les camarades me manquaient. ÉnormĂ©ment. L’ambiance de camaraderie, ça
 Mes parents m’avaient trouvĂ© complĂštement changĂ©, ma mĂšre
 ne me reconnaissait plus. Et puis j’avais des cauchemars, j’avais des
 plein de choses dĂ©sagrĂ©ables. Ça a durĂ© longtemps
H. Hm. Longtemps, ça veut dire ? Des annĂ©es ?Paul T. Oh. Peut-ĂȘtre quinze ans
 Parce que ce sĂ©jour en prison, ça m’avait marquĂ© Oui. Plus le sĂ©jour en prison que les autres conditions
Paul T. Oui. Il m’arrive mĂȘme encore, et pourtant, il n’a pas Ă©tĂ© trĂšs long, ce sĂ©jour, il m’arrive encore de, parfois, de rĂȘver

. 74 260 7 201 347 201 468 77

dans la marseillaise comment sont appelés les combattants français